France: un évêque doit reconsidérer la nomination de son chancelier

Dans un communiqué publié le 10 août 2025, la Conférence des évêques de France (CEF) demande à Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, de reconsidérer la nomination au poste de chancelier du diocèse d’un prêtre condamné pour viol sur mineur. Une décision qui, selon la CEF, ne peut que « raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu ».

«En France, ces dernières semaines, l’actualité ecclésiale a été bien chargée. Nous tenons à rappeler que notre Église, depuis plusieurs années, a pris courageusement le chemin de la vérité dans la question douloureuse des abus commis en son sein. Il est très important de poursuivre ce travail dans tous les secteurs de la vie ecclésiale», souligne la CEF dans son message.

«Peu à peu, nous avons appris à regarder ces faits d’abord du point de vue des personnes qui en ont été les victimes et qui en subissent les conséquences à longueur de vie», ajoute le message. Ce déplacement du regard, poursuit le communiqué, l’écoute bouleversante de leur détresse et de leur douleur, l’accueil de leur invitation à poursuivre humblement avec elles un chemin de vérité, ont amorcé, pour notre institution ecclésiale, un long et exigeant travail de conversion, que nous sommes résolus à poursuivre.»

Un « Dialogue constructif »

«Dans cet esprit, nous avons engagé un dialogue constructif avec Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, l’invitant à reconsidérer la décision qu’il avait prise quant à la nomination du chancelier de son diocèse. En effet, une telle nomination à un poste aussi important, canoniquement et symboliquement, ne peut que raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu», conclut le communiqué.

En juin 2025, Mgr Guy de Kerimel a nommé au poste de chancelier, et délégué épiscopal du diocèse de Toulouse aux mariages, un prêtre condamné en 2006 à cinq ans de prison, dont un de sursis, pour viol sur mineur commis en 1993. Cette nomination avait créé de très fortes réactions dans la presse et sur les réseaux sociaux et posé la question de la réintégration des prêtres dans leur fonction, une fois la peine purgée. L’évêque de Toulouse s’en était expliqué dans une lettre publiée le 10 juillet dernier.

«Le viol est un crime, et il ne s’agit aucunement de relativiser un crime. C’est notre devoir absolu de tout faire pour que la victime soit reconnue et aidée dans son chemin de vie; elle doit aller de l’avant pour se reconstruire en découvrant qu’elle n’est pas d’abord ni seulement une victime, même si ces blessures blessent à vie», avait écrit l’archevêque de Toulouse.

Faire miséricorde

«Faire miséricorde à un prêtre qui a péché gravement il y a trente ans, et qui, depuis, fait preuve d’abnégation et d’intégrité dans son service et son rapport à ses supérieurs et ses confrères, est-ce possible? Le pape François disait que Dieu est Miséricorde, c’est son Nom. Et nous, chrétiens, nous sommes témoins de la miséricorde divine.»

Pour l’archevêque de Toulouse, «la miséricorde ne s’oppose pas à la justice, mais elle va plus loin. S’il n’y a pas de miséricorde, nous sommes les plus malheureux, car il n’y a de salut possible pour aucun d’entre nous. Ne pas faire miséricorde c’est enfermer l’auteur de l’abus dans une mort sociale; c’est rétablir une forme de peine de mort», avait plaidé Mgr de Kerimel. (cath.ch/com/bh)

Bernard Hallet

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