Un patrimoine à redécouvrir

Fribourg: Nouvelle publication pour retracer 850 ans d’histoire de l’abbaye d’Hauterive

Hauterive (FR),

(APIC) Forte de plus de 850 ans d’histoire, l’Abbaye d’Hauterive, près de Fribourg, est un des hauts-lieux culturels et spirituels de Suisse romande. Son riche patrimoine artistique, bien qu’aujourd’hui en bonne partie dispersé, mérite d’être mieux connu du grand public. Tel est l’objectif du dernier numéro de la revue « Patrimoine fribourgeois » qui offre sur une centaine de pages richement illustrées de nombreuses contributions inédites à la connaissance du monastère fribourgeois.

Fondée en 1138, avant même la ville de Fribourg, l’abbaye cistercienne d’Hauterive, lovée dans un méandre de la Sarine, est le plus ancien monastère fribourgeois. Supprimée en 1848 par le régime radical, en même temps que plusieurs autres couvents, elle est la seule à avoir été rétablie. La vie monastique y a repris depuis 1939 et le couvent a retrouvé son statut d’abbaye en 1973. C’est aujourd’hui une communauté d’une vingtaine de moines assez jeunes, fortement ancrés dans leur tradition pluriséculaire.

L »’Association des amis d’Hauterive », crée en 1952 pour soutenir les activités du monastère, a décidé en 1997 de financer un nouvel ouvrage pour compléter les connaissances sur le patrimoine et l’histoire de l’Abbaye. La publication, présentée jeudi à la presse, s’inscrit en outre dans la prolongation de la célébration du 900e anniversaire de la fondation de l’Ordre de Citeaux en 1998.

Les membres du Service des biens culturels du canton de Fribourg et les rédacteurs de la revue se sont penchés sur des aspects moins connus qui n’avaient jamais été étudiés de manière approfondie. L’apport artistique de l’époque baroque, les conséquences de la suppression de 1848 ou la restauration des années 1900 après le grand incendie de 1884 font ainsi l’objet d’articles fouillés.

D’importance européenne, l’église romane et le cloître gothique ont fait la renommée d’Hauterive. Bâtie sur le plan « bernardin » en 1150-1160, l’église correspond bien à l’idéal cistercien de « l’atelier de prière ». Bien que richement décoré le chœur gothique du XIVe siècle ne rompt pas avec cette austérité foncière. Construit dans les années 1320, le cloître juxtapose de façon surprenante la modernité gothique des remplages à la tradition romane de ses ouvertures en triplets.

Tout en conservant l’église et le cloître, les abbés du XVIIIe siècle ont entièrement reconstruit les bâtiments conventuels donnant à Hauterive le visage qu’il conserve aujourd’hui médiéval et baroque. Le site de l’abbaye à l’écart de toute agglomération a lui aussi conservé son aspect d’origine même s’il est menacé par les activités de détente des citadins.

Un des chapitres les plus intéressants touche à la suppression du couvent par le régime radical en 1848, après la défaite du Sonderbund. Le riche patrimoine du couvent accumulé depuis sept siècles est alors en partie accaparé par l’Etat, en partie vendu ou plus simplement volé. A leur départ, les moines, n’ont rien pu emporter. Les chercheurs ont donc développé un véritable travail d’enquête pour retrouver la trace de ces objets. Si un grand nombre ont rejoint le Musée d’Art et d’histoire, les archives et la bibliothèque cantonale, d’autres se trouvent aujourd’hui dans divers musées ou collections particulières un peu partout en Europe, à l’instar du sceau méédiéval de l’abbaye et d’éléments importants des vitraux gothiques. Plusieurs pièces de ce patrimoine dispersé sont ainsi présentées pour la première fois. Seules quelques-uns de ces objets ont retrouvé leur place à l’abbaye.

Mais Hauterive n’est pas seulement le sujet d’une histoire morte ou un froid monument, c’est une aventure qui continue, souligne don Mauro Lepori, abbé du Monastère. Pour lui cette publication doit aussi être l’occasion d’une prise de conscience de la valeur d’une « histoire intégrale » centrée autour de la rencontre avec Dieu. C’est une interrogation pour la foi.

Tiré à 5’500 exemplaires, l’ouvrage bilingue est destiné à une large distribution au sein notamment des quelques 4’000 membres de l’Association des amis de l’Abbaye d’Hauterive. Il est disponible à l’Abbaye ou au Service des biens culturels, chemin des archives 4, 1700 Fribourg. (apic/mp)

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