A la demande de Mgr Guy de Kerimel, le prêtre qu’il a nommé chancelier en juillet a renoncé à sa charge «avec une réelle disponibilité de cœur. Je l’en remercie ». L’archevêque de Toulouse a nommé, après consultation, l’abbé Léopold Biyoki, chancelier du diocèse de Toulouse, à partir du 1er septembre 2025.
Suite aux polémiques et à la tempête médiatique déclenchées par la nomination au poste de chancelier, et de délégué épiscopal du diocèse aux mariages, d’un prêtre condamné à la prison pour viol sur mineur, la Conférence des évêques de France (CEF) a fait pression sur Mgr de Kerimel pour qu’il reconsidère la nomination du prêtre à un tel poste.
Pour la CEF, «une telle nomination à un poste aussi important, canoniquement et symboliquement», ne pouvait que «raviver des blessures, réveiller des soupçons et déconcerter le peuple de Dieu». « Nous tenons à rappeler, soulignait la CEF, que notre Église, depuis plusieurs années, a pris courageusement le chemin de la vérité dans la question douloureuse des abus commis en son sein. Il est très important de poursuivre ce travail dans tous les secteurs de la vie ecclésiale.»
«Ma décision avait été interprétée par de nombreuses personnes comme un camouflet envers les victimes d’abus sexuel; j’en demande pardon aux victimes», écrit Mgr de Kerimel dans son message. «Ce n’était évidemment pas mon intention. D’autres y voyaient enfin un signe d’espérance pour les auteurs d’abus qui avaient fait leur peine et qui vivent une mort sociale très éprouvante. Là, je dois demander pardon à celui que j’avais nommé et à qui je fais confiance, pour ne pas avoir su trouver la juste place à laquelle il a droit.»
«Comment tenir ensemble justice et miséricorde?» interroge Mgr Guy de Kerimel dans le communiqué posté sur le site du diocèse de Toulouse. «J’aimerais que nous continuions à réfléchir sur ce sujet important, pour ne pas en rester aux émotions qui ne conduisent que rarement à une vraie justice, mais que, en tant que chrétiens, nous ayons une attitude la plus juste possible, conforme à l’Évangile».
Dans son message, l’archevêque de Toulouse pose le débat: «Comment trouver l’attitude juste qui n’oblige pas à prendre un parti au détriment de l’autre? Comment tenir l’attention première aux victimes sans rejeter à jamais les coupables?» «On parle aujourd’hui d’une ‘justice restaurative’: elle cherche à établir une rencontre, toujours libre, entre l’auteur du méfait et la victime, pour une reconnaissance du mal commis et dans le souhait de ne pas se laisser enfermer dans le mal.»
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«L’auteur doit réparer le mal commis, ou, au moins, par la peine que la justice lui inflige participer à la réparation du mal commis. Quand il s’agit d’un crime, le mal a toujours une dimension irréparable. Que faire dans ce cas? Pratiquer la vengeance? Ce serait s’enfermer dans une logique destructrice et finalement dans la victoire ultime du mal.»
«La France a renoncé à la peine de mort; la justice croit à un changement possible des criminels et travaillent à leur réinsertion. Elle ne peut pas laisser libre cours à la vengeance; ce serait au détriment de l’auteur bien sûr, mais aussi de la victime et de toute la société. Au nom d’une telle justice, on tomberait dans les pires injustices. La justice ne rend pas à l’auteur le mal qu’il a fait à la victime: «œil pour œil, dent pour dent». Elle met une limite à l’exclusion du coupable, sauf dans les cas extrêmes de personnes dangereuses. »
Si la nomination du 16 août clôt l’affaire, elle relance avec force le débat sur la miséricorde, le pardon, la place et le cheminement des victimes, ceux de l’agresseur et, in fine, les mesures d’accompagnement pour garantir une bonne réinsertion des coupables. (cath.ch/com/bh)
Bernard Hallet
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