La crèche de La Petite Rasude, capable d’accueillir jusqu’à 46 enfants de 0 à 4 ans, avait ouvert en 2023. Deux ans plus tard, des difficultés financières l’ont obligée à fermer ses portes, rapporte 24 Heures (22 août 2025). La crèche privée employait environ dix personnes qui ont perdu leur travail. Une ancienne collaboratrice accuse l’employeur d’avoir laissé des arriérés de salaires.
Les locaux avaient été loués à la Société Culturelle Arbor, liée à la prélature catholique de l’Opus Dei. En juin 2023, une ancienne employée avait alerté les autorités sur des pratiques pédagogiques lui paraissant anormales. La crèche se référait à la démarche Fomento de Centros de Enseñanza, souvent appelée Fomento. Elle a été fondée en 1963 par des personnes proches de l’Opus Dei dans le but de créer un réseau de collèges chrétiens fondés sur une éducation personnalisée, l’excellence pédagogique et l’implication des parents.
Le plan pédagogique de La Petite Rasude évoquait le trilinguisme ainsi que le jeu d’échecs dès 3 ans. Selon l’ancienne collaboratrice, la prière du matin et la présence de livres religieux n’avaient «rien d’excessif». Mais elle affirme qu’une responsable liée à l’Opus Dei lui a suggéré de se faire baptiser. Selon elle, des tensions sont apparues avec certains membres du personnel, notamment au sujet de la pédagogie Fomento, jugée «élitiste».
Suite au signalement de l’ex-employée, le Service cantonal de l’accueil de jour des enfants (Scaje) avait instauré une «surveillance renforcée» de la crèche. La Petite Rasude avait déposé un recours auprès de la Cour de droit administratif public (CDAP) du Tribunal cantonal obtenant l’interruption de la mesure. Saisi pour des soupçons de «contrainte», le Ministère public a rendu une ordonnance de non entrée en matière en octobre 2024.
«La méthode Fomento ne fait pas partie du paysage des références pédagogiques usuellement utilisées dans les institutions du canton de Vaud», relève le Scaje, qui avait demandé un complément d’information avant que la crèche n’annonce sa fermeture. «En soi, des approches comme le trilinguisme ne sont pas forcément problématiques. Mais il s’agit de jeunes enfants, en âge préscolaire, de 0 à 4 ans. Ce qui compte, pour nous, c’est qu’ils ne soient pas l’objet d’une obligation de participer à ces activités. Nous ne sommes pas dans le cadre scolaire», note Valérie Berset, cheffe de service du Scaje.
Du point de vue du Scaje, la religion ne constitue pas un problème par principe, mais les pratiques ne doivent pas être contraires au bien des enfants. La société Arbor se défend, de son côté, d’exercer une influence religieuse sur ses locataires.
La Ville de Lausanne reprend finalement les locaux pour étendre son Centre de vie enfantine Grancy. (cath.ch/24heures/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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