Abbé Charlemagne Diawara-Doré – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
Frères et sœurs, à chaque Eucharistie, Dieu qui nous appelle à son admirable lumière, nous adresse une invitation à rendre grâce pour les bienfaits qu’il nous accorde au quotidien. Ainsi, nous invite-t-il à repartir du Christ pour demeurer dans la pleine communion avec le Père et le Fils, par le moyen de l’Esprit Saint.
Ouvrir la porte
En ce 21ème dimanche du Temps ordinaire, de l’année liturgique C, la trame narrative qui se dégage des textes scripturaires que notre Mère l’Église nous propose met en lumière un message fort, en forme de demande : « Seigneur ouvre-nous ». C’est une demande qui se traduit par une double résonnance, c’est-à-dire ouvrir la porte au festin de tous les hommes, mais aussi ouvrir la porte au festin du Royaume.
La volonté de Dieu est de vouloir toujours rassembler son Peuple pour écouter sa Parole et participer à l’Eucharistie. Sans conteste, nous en avons l’illustration dans la première lecture, par la bouche du prophète Isaïe : « Je viens rassembler les hommes de toute nation et langue ». Tel est le dessein de Dieu, un rêve fou, et pourtant réalisable, puisque déjà inauguré par la Pâque de son Fils. Qui plus est, un rêve d’amour : un amour gratuit et sans conditions.
Dans la deuxième lecture, l’auteur inconnu de l’épître aux hébreux livre une clé d’interprétation pour « positiver » les épreuves qui surviennent. Dès lors, il fait écho aux proclamations des prophètes, qui annonçaient au peuple exilé le retour à Jérusalem. Ici, relevons tout de suite la différence qui existe entre les traités de morale et de l’éducation de l’Antiquité, qui utilisaient le moyen du dressage et les propos de Jésus, remplis de douceur, invitant à la conversion des cœurs, pour le salut de tout homme et de tout l’homme.
Le salut est un don de Dieu
Très justement, le salut n’est pas un dû, mais un don de Dieu. En effet, c’est Dieu qui a pris l’initiative de nous donner son Fils, et celui-ci a donné sa vie pour faire de nous des sauvés. Mais encore faut-il que nous participions à ce salut. Et surtout, en instituant l’Eucharistie au cours de son dernier repas, Jésus a inauguré ce festin ouvert à tous les hommes par le don de sa vie. Toutefois, rappelons que l’Eucharistie ne se réduit pas à un simple repas. C’est un festin – comme toute célébration chrétienne – qui a une dimension universelle ; mais, dont la porte d’accès est étroite. Pour avoir part à ce festin, il nous faut consentir à lutter avec le Christ contre tout ce qui, de nos jours, freine l’annonce de son Royaume. De même, il nous faut parfois nous compromettre pour faire avancer la justice et la paix, en vue de donner aux plus petits les premières places. Ce qui nous conduira de dire aux faibles, aux marginaux, aux délaissés et aux rejetés combien Dieu est amour et les aime tant. Le prophète Isaïe décrit déjà ce festin messianique qui sera donné pour tous les peuples : une image qui court à travers tout l’Évangile et bien au-delà. Les derniers, en effet, seront premiers à ce festin, où la porte leur sera ouverte.
Tout bien considéré, les célébrations dominicales sont un premier échantillon de ce que Dieu prépare pour ses fidèles au ciel, à sa table. L’invitation a été lancée, il est imprudent de la laisser traîner sans répondre positivement. Que le témoignage de notre foi et l’exemplarité de nos vies nous aident, non pas à forcer la porte, mais à toucher le cœur de Dieu, afin qu’il nous ouvre la porte au festin du Royaume, où, comme le dit si bien le psalmiste, tous les peuples sont invités à la louange, bien entendu à la table du Seigneur. Amen.
21e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 66, 18-21; Psaume 116; Hébreux 12, 5-7. 11-13; Luc 13, 22-30