À Rome, les servants d'autel français saluent un pape «qui donne le sourire»

À la sortie de leur audience avec Léon XIV, ce 25 août 2025, les 360 servants d’autel français ont confié avoir été marqués par un pape «très humain, connecté aux réalités».

Venus au Vatican avec leur aube blanche, ces garçons et filles et leurs accompagnateurs ont raconté à l’agence I.MEDIA comment le service de l’autel ouvre, pour certains, la question de la vocation sacerdotale – un thème abordé par le pape durant leur rencontre.

Pendant l’audience d’une vingtaine de minutes, le pape a prononcé un discours, et a pris le temps de saluer les participants assis au premier rang de la salle Clémentine, représentant la délégation d’adolescents âgés de 12 à 20 ans. Parmi eux, se tenaient un jeune trisomique et un jeune atteint de déficience visuelle, qui se sont joints au pèlerinage itinérant à quatre étapes (Turin, Bologne, Assise, Rome).

De servants d’autel à prêtres?

Au sortir de la rencontre, les jeunes sont sortis marqués par un message jugé «très connecté aux réalités de ce qu’on vit, très conscient des enjeux et des problématiques modernes». À l’instar de Dimitri, 19 ans, venu du diocèse de Paris. «C’est un pape très humain, très souriant; un pape qui donne le sourire», s’est enthousiasmé le jeune qui est servant d’autel depuis treize ans.

Dimitri s’est dit particulièrement frappé par l’appel du pontife à prier pour les vocations. «Il nous a demandé de prier pour le manque de prêtres dans le monde entier et particulièrement en France», a-t-il rapporté. Dans son allocution prononcée en français, Léon XIV n’a pas hésité à marteler: «Le manque de prêtres en France, dans le monde, est un grand malheur! Un malheur pour l’Église!»

Selon Mgr Francis Bestion, évêque de Blois et chargé de l’accompagnement des servants d’autel au sein de la Conférence des évêques de France (CEF), «un certain nombre d’entre eux auront été sensibles à cet appel». Le prélat de 68 ans, qui a été longtemps formateur de séminaire, a constaté que «parmi les séminaristes qui se présentent pour être prêtres, un pourcentage non négligeable ont été des servants d’autel». «Le pape le sait aussi mieux que nous, et effectivement il a appelé les jeunes à penser que certains parmi eux sont peut-être appelés et peuvent préparer leurs cœurs par ce service de l’autel», a-t-il glissé.

Terreau de vocations

«Le lien entre le service de l’autel et les vocations est prégnant», a abondé pour sa part Nathalie de Bouvier, responsable de la Pastorale du service de l’autel au sein de la CEF. «Les abbayes de France ont fait des dons pour aider à soutenir les coûts de ce pèlerinage, et j’ai eu l’occasion d’échanger avec un moine qui m’a dit: ‘Ma vocation vient de ce service, c’est le berceau des vocations’.»

«Pour moi, le service de l’autel est le lieu par excellence où la graine de la vocation peut être plantée», a encore affirmé Dimitri, qui portait à son cou une croix au bout d’une chaine argentée. Lui aussi se pose-t-il la question? «Oui», a-t-il répondu laconiquement, baissant discrètement les yeux, un sourire songeur sur les lèvres.

«Il y a plus de jeunes qu’on ne pense qui perçoivent un appel à être prêtres. Ces dernières années, un sondage avait été fait sur 4000 jeunes participant aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), et un pourcentage impressionnant – environ 25% – disait avoir pensé un jour à être prêtre. C’est énorme», a insisté Mgr Bestion. Mais «la société n’est pas très porteuse, les jeunes peuvent entendre cet appel, mais qui va les aider, qui va les soutenir?»

La carence des vocations pèse sur les diocèses de l’Église de France, contraints depuis des décennies à regrouper des paroisses rurales pour faire vivre les communautés tandis que le nombre de prêtres continue à baisser. En juin dernier, la CEF a annoncé l’ordination de 90 nouveaux prêtres pour l’année 2025 – contre 105 en 2024. Selon les dernières statistiques, en 2023, l’Hexagone comptait 12’000 prêtres, soit 52% de moins qu’en 2000 où ils étaient 25’000.

La place des filles, servantes de la liturgie

Une partie conséquente du groupe étaient des jeunes filles. Parmi elles, Justine, 16 ans, et Camille, 15 ans, ne tarissaient pas d’éloges: «La rencontre a été un honneur pour nous, c’était une salle magnifique, un discours magnifique», ont-elles assuré, le visage rayonnant. «Le pape nous a encouragées à être des servantes de Dieu et à continuer sur ce chemin.»

Dans son discours, Léon XIV n’a pas mentionné explicitement ces jeunes filles, s’adressant particulièrement aux garçons. «Mais parmi elles aussi certaines peuvent penser à la vie consacrée, à la vie religieuse», a plaidé Mgr Bestion. Dans ce débat, l’évêque de Blois préfère d’ailleurs parler, pour les filles, de «service de la liturgie», plus large que celui de l’autel et qui recouvre aussi la lecture des textes bibliques ou le service de l’assemblée.

Mais les pratiques restent diverses. En France, certains curés choisissent de ne confier le service de la messe qu’aux garçons, considéré comme une porte d’entrée privilégiée vers le sacerdoce. La Conférence des évêques de France, elle, n’a pas fixé de règle uniforme, laissant chaque prêtre libre de décider dans sa paroisse. (cath.ch/imedia/ak/rz)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/a-rome-les-servants-dautel-francais-saluent-un-pape-qui-donne-le-sourire/