France: Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris :
Pairs, 27 octobre 1999 (APIC) L’Eglise Catholique ne doit pas considérer l’islam comme une religion ennemie, estime le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Interrogé par le quotidien catholique italien « Avvenire » sur les inquiétudes formulées pendant le Synode des Evêques pour l’Europe face à la pression islamique, D. Boubakeur appelle à la tolérance mutuelle.
A propos de l’intervention pendant le Synode de l’archevêque d’Izmir, en Turquie, Mgr Giuseppe Bernardini, qui dénonçait le fait que la religion islamique soit fermée au christianisme, Dalil Boubakeur déplore que une affirmation semblable ait été faite récemment par le Cardinal Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture. « Je dis que l’Eglise catholique ne doit pas considérer l’islam comme une religion ennemie mais au contraire, comme une religion proche et fraternelle, engagée dans une lutte commune contre le matérialisme, l’athéisme et la misère, surtout celle qui touche l’homme sans Dieu. L’intégrisme et le fanatisme sont des ennemis communs ».
La question de la réciprocité entre les pays à prédominance chrétienne et les pays musulmans reste cependant posée. Alors que l’Europe permet la construction de mosquées, beaucoup de pays islamiques refusent que les chrétiens construisent des églises. Il n’y a pas de persécution généralisée contre les chrétiens dans les pays musulmans, affirme en réponse Dalil Boubakeur. « Des millions de chrétiens vivent de façon pacifique au sein d’une majorité musulmane. S’il y avait des persécutions, avec les moyens de communication actuels, on le saurait immédiatement. Je ne crois pas qu’il existe actuellement dans un pays un exode des populations chrétiennes persécutées par les musulmans. Le racisme religieux n’a jamais été une caractéristique des peuples musulmans: l’exclusion sur une base religieuse au sein d’une même communauté, est en revanche un phénomène typiquement européen »
Le Soudan où la loi islamique est en vigueur persécute pourtant bien les chrétiens ? « Nous sommes en présence d’un Etat intégriste qui ne nous plaît certes pas. L’islam au Soudan est utilisé comme un instrument politique, de même qu’en Irlande la religion catholique ou protestante. Sur un milliard de musulmans éparpillés dans le monde, que peut représenter le Soudan ? Je crois que l’Eglise se concentre trop sur des aspects marginaux de la relation entre l’islam et le christianisme. »
Pour le recteur Boubakeur, s’il y a moins de vocations ce n’est certes pas la faute de l’islam, pas plus que la faute de l’Eglise. C’est l’esprit scientiste et rationaliste qui a gravement endommagé la foi chrétienne. Les musulmans en revanche peuvent enseigner le sens de la transcendance de Dieu. « Il est dommage que l’on oublie les aspects positifs – et il y en a beaucoup – qui lient les chrétiens et les musulmans. Nous risquons de créer des attitudes négatives chez beaucoup de fidèles de l’islam qui ne pensaient pas ainsi. Et c’est ce qui me fait le plus peur », conclut-il. (apic/zn/tg)
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