APIC – Dossier
Un voyage d’un jour pour un acte symbolique
Rome/Maribor, 10 septembre 1999 (APIC) Le pape Jean Paul II se rendra en Slovénie le 19 septembre 1999, pour une visite d’un jour, afin de précéder à la béatification de Mgr Anton Martin Slomsek (1800-1862), évêque de Maribor, en Slovène. Ce nouveau voyage, le second dans ce pays, sera le 88ème voyage du pape hors d’Italie. Le nouveau bienheureux s’est consacré à l’Eglise, bien sûr, mais aussi à « la nation » slovène, dont il a passe pour être le fondateur.
Anton Martin Slomsek a été « le promoteur de la renaissance slovène au XIXème siècle et un véritable père spirituel pour la nation, à l’époque où la Slovénie faisait partie de l’empire austro-hongrois », explique l’ambassadeur de Slovénie près le Saint-Siège
Accueilli dans la matinée du 19 septembre à l’aéroport de Maribor, au nord-est du pays, Jean Paul II se rendra ensuite à quelques kilomètres de là, dans le parc du château baroque de Betnava. Entre 200 et 300’000 personnes sont attendues. C’est là que le pape célébrera à 11 heures la messe de béatification de l’évêque slovène Mgr Anton Martin Slomsek.
Jean-Paul II déjeunera ensuite à l’évêché de Maribor avec Mgr Franc Kramberger, évêque de Maribor, et les autres évêques slovènes, avant de se rendre dans la cathédrale de la ville dans l’après-midi, pour y prier sur la tombe de Mgr Slomsek, comme il l’avait déjà fait lors de sa précédente visite en mai 1996, au cours de son 71ème voyage hors d’Italie.
A 18 h 45, Jean Paul II rencontrera en privé le président de la République slovène, Milan Kucan, à l’aéroport de Maribor, avant de prendre congé et de repartir pour Rome. Milan Kucan est président de la Slovénie depuis la proclamation de l’indépendance du pays, en juin 1991. Il avait à ce titre déjà accueilli le Pape en mai 1996.
Au service de l’Eglise et de « la nation »
Né en 1800, Anton Slomsek grandit dans une famille chrétienne de paysans, non loin de la ville de Celje, au centre de l’actuelle Slovénie, qui faisait partie à l’époque de l’empire austro-hongrois. Manifestant un goût évident pour les livres, il obtint la possibilité de partir étudier à Celje d’abord, puis à Ljubljana, la capitale. Il donnait alors des cours aux enfants de familles riches, pour payer une partie de sa nourriture et de son logement.
Devenu séminariste, le jeune Slomsek organisa cette fois des cours gratuits de slovène pour ses camarades de classe, avec l’accord du directeur du séminaire, dans un contexte où l’esprit germanique était pourtant dominant. Il estimait en effet que c’était une nécessité pour les futurs prêtres de parler la langue des gens simples dont ils auraient à s’occuper.
Devenu curé en 1838, il redonna vie à une paroisse en déclin, notamment en organisant pour les enfants une école du dimanche, tout en publiant un manuel sur les matières qu’il leur enseignait. Outre le catéchisme, la lecture et l’écriture en slovène, il leur donnait des bases d’allemand et de mathématiques, mais aussi d’hygiène, de botanique, d’astronomie… En même temps, il travaillait à encourager les publications en langue du pays.
Le siège de Maribor enfin transféré
Nommé en 1846 évêque de Lavant, dont le siège se trouvait en Autriche, à Saint Andraz, il consacra beaucoup de temps à la formation des prêtres, à une époque où l’Europe était agitée par les révolutions nationales. Mgr Slomsek n’était pas partisan d’une révolution violente, mais se préoccupait de préparer la population slovène aux responsabilités qu’elle aurait à prendre après avoir obtenu plus de liberté. En même temps, il faisait des démarches pour obtenir le transfert de son siège épiscopal à Maribor, en Slovénie, voulant que les limites des diocèses soient redessinées, pour qu’elles correspondent à celles des régions slovènes. Il en obtint finalement l’autorisation du pape et de l’empereur d’Autriche, et partit pour Maribor en 1859. Là, il devait encore contribuer à développer l’éducation jusqu’à sa mort, en 1862, tout en publiant de nombreux livres, en plus de ses tâches sacerdotales et épiscopales.
En trois points
Trois points sont à retenir au sujet du futur bienheureux, estime aujourd’hui Mgr Maksimilijan Jezernik, recteur du Collège pontifical slovène de Rome, et depuis 1965 postulateur de la cause de béatification de Mgr Slomsek. « Il a d’abord été l’artisan d’une évolution chrétienne vers plus de reconnaissance de la Slovénie », explique-t-il à l’APIC. « Grâce à lui, la Slovénie a acquis de l’autonomie sans révolution, en accord avec les autorités de Vienne ».
« Il a sensibilisé les catholiques à la question de l’unité des chrétiens », continue Mgr Jezernik. Mgr Slomsek a en effet fondé en 1851 la Confrérie des saints Cyril et Mééthode, consacrée à la prière pour l’unité des chrétiens, en pensant particulièrement aux orthodoxes. Confirmée ensuite par le pape Pie IX, cette confrérie s’est étendue dans toute l’Europe.
Mgr Jezernik indique enfin que Mgr Slomsek était très soucieux des missions, et se préoccupait en particulier des Indiens d’Amérique. « Il voyait une similitude entre les Indiens et les Slovènes », explique le recteur du Collège pontifical slovène, « dans la mesure où les deux peuples avaient besoin de voir leur culture valorisée ». Parmi les prêtres envoyés par Mgr Slomsek auprès des Indiens d’Amérique, Mgr Jezernik cite le Père Baraga, dont la cause de béatification est déjà introduite auprès de la Congrégation pour les causes des Saints, et qui a travaillé à la rédaction d’une grammaire et d’un dictionnaire pour les Indiens. (apic/imed/pr)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse