D’un déficit démocratique à la crise financière: l’exemple français

La France connaît une grave crise financière qui puise ses racines dans un blocage des institutions. Ce blocage est difficile à comprendre pour nous Helvètes. Il a d’importantes conséquences pour les milliers de Français qui vivent dans notre pays et pour l’ensemble de l’Europe.

La France a un régime présidentiel et non un régime parlementaire. Le pouvoir est concentré sur une personne et son entourage. C’est l’exécutif qui a le dernier mot et non le législatif, contrairement à la Suisse. Ce régime voulu par le Général de Gaulle suppose que le Parlement ait une majorité absolue. Si celle-ci est conforme à celle du président, on parle d’une majorité de suiveurs. Si elle lui est opposée, on assiste alors à une cohabitation.

Or le président actuel n’a pas de majorité et il ne veut pas de la cohabitation qui supposerait la venue au pouvoir du Rassemblement national. Il est donc dans une impasse. Pour s’en sortir, il faudrait renoncer au scrutin majoritaire et instaurer un scrutin proportionnel comme en Suisse qui oblige les partis à discuter et à faire des compromis. Mais le scrutin majoritaire est dans les gènes de la Ve République et du régime présidentiel. Celui-ci suppose la confrontation d’une majorité et d’une opposition.

«En France, l’immigration est actuellement sans contrôle en raison du passé colonial qui a fait venir à bon marché une main d’œuvre issue du Maghreb et d’Afrique»

Cela fonctionnait quand existait une confrontation entre la gauche et la droite. Mais la venue du Rassemblement National bouleverse la donne. Le président doit accepter la présence et la force de ce parti au niveau du Parlement. Existe ici un premier blocage car les partis traditionnels, en accord avec le président, ne sont pas prêts à cette présence et font tout pour l’exclure du jeu démocratique.

Le deuxième blocage est lié à l’exclusion de la population des principales décisions. Le peuple n’intervient qu’au moment des élections. Entretemps, il n’a rien à dire sauf à manifester. Deux thèmes illustrent ce déficit de démocratie: les retraites et l’immigration. Le président Macron, contraint et forcé par la situation budgétaire, a augmenté l’âge de la retraite sans débat national, en l’imposant à l’assemblée par un vote bloqué. Cette façon de procéder n’a pas été acceptée par la population.

Le deuxième déficit démocratique est lié à l’immigration. En France, celle-ci est actuellement sans contrôle en raison du passé colonial qui a fait venir à bon marché une main d’œuvre issue du Maghreb et d’Afrique. Les familles se sont regroupées. Elles se sont rassemblées dans des quartiers, provoquant une forme de communautarisme comme dans les banlieues de Paris et de Lyon. Toujours en raison de ce passé colonial et des réseaux constitués par les migrants, les populations de l’Afrique francophone voient toujours la France comme un eldorado bénéficiant d’un bon système social. Pour compléter ce tableau, les mesures policières sont impuissantes contre l’immigration clandestine et les pays d’origine renâclent à récupérer leurs ressortissants s’ils sont expulsés.

«Sans réforme pour les décisions qui concernent la vie quotidienne, notre grand voisin connaitra des jours difficiles»

L’immigration incontrôlée n’est pas propre à la France. Plusieurs pays européens subissent le même phénomène. Mais notre grand voisin est très mal outillé pour intégrer les migrants en raison de ses institutions L’absence réelle de décentralisation fait que toutes les questions en la matière sont (mal) réglées à Paris. Le système scolaire exclusivement académique est inadapté à la population immigrée qui aurait besoin de places d’apprentissage pour intégrer ses jeunes. Les mesures de formation de la main d’œuvre ne collent pas réellement aux besoins de l’économie en raison de la centralisation. Enfin l’accueil des migrants suppose d’accepter et de vivre une certaine diversité culturelle à laquelle la France est mal préparée en raison de la domination parisienne.

La Suisse, grâce à son fédéralisme, accepte mieux la diversité. En matière de travail et de scolarité, son système est beaucoup plus souple. Il y existe un débat démocratique qui n’a été pas été initié en France sur les retraites et l’immigration. Elle cherche à s’inspirer des expériences positives dans d’autres pays européens. Chez notre voisin, une telle adaptabilité des institutions est inimaginable. Et pourtant sans discussion et sans référendum sur ces sujets, le déblocage sera impossible. Plus largement le peuple français a besoin d’institutions justes et de plus de démocratie. Sans réforme pour les décisions qui concernent la vie quotidienne, notre grand voisin connaitra des jours difficiles.

Jean-Jacques Friboulet

17 septembre 2025

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/blogsf/dun-deficit-democratique-a-la-crise-financiere-lexemple-francais/