Abus: l'Église de Zurich lance un service de consultation mentale et sexuelle

L’Église zurichoise a annoncé, le 22 septembre 2025, le lancement d’un dispositif unique: des consultations gratuites et anonymes de santé psychique et sexuelle pour ses collaborateurs. Élaboré avec des spécialistes de la clinique psychiatrique universitaire de Zurich, le projet a pour but de prévenir les abus sexuels en son sein.

Avec Kath.ch, Regula Pfeifer. Traduction et adaptation Lucienne Bittar

«Cette consultation a valeur de modèle non seulement en Suisse, mais aussi à l’échelle internationale», a déclaré lors de la conférence de presse la psychothérapeute Fanny de Tribolet-Hardy, qui a participé à son élaboration. C’est aussi elle qui dirige la nouvelle consultation. «Je ne connais aucune offre similaire», a-t-elle ajouté, avant de préciser que ce qui rend ce projet unique, c’est que c’est l’Église catholique elle-même qui a décidé de collaborer avec une institution universitaire. «Elle est prête à nous faire confiance pour que nous traitions ses collaborateurs avec soin et que nous agissions dans le sens de la protection des victimes. »

Gratuit et confidentiel

Des psychologues de l’hôpital psychiatrique de Zurich se tiennent donc dorénavant à l’écoute des employés de l’Église qui le souhaitent. Et cela gratuitement. Les personnes intéressées peuvent prendre contact anonymement par téléphone, puis se rendre au «Quadro», à Zurich-Oerlikon, pour un entretien. A noter que si la confidentialité des consultations est garantie, les psychothérapeutes sont tenus d’informer le ministère public (et non l’Église) si l’un de leur patient présente des risques de passage à l’acte.

Des études ont montré que différents facteurs conduisent à de tels actes, a expliqué Fanny de Tribolet durant la conférence de presse. «Il peut s’agir de difficultés dans les relations amoureuses et sexuelles personnelles, de la peur de l’échec, de la soif de pouvoir, de troubles psychiques, d’isolement social, d’une surestimation de soi, de difficultés à fixer des limites, d’un besoin d’affection et d’attention.»

Surmonter les crises avec de l’aide

La nouvelle consultation devrait permettre de «prévenir les crises psychiques chez les personnes qui travaillent dans l’Église catholique», a expliqué pour sa part Elmar Habermeyer, professeur et directeur du service de psychiatrie légale et de psychothérapie de la Clinique psychiatrique universitaire de Zurich (PUK). Ou du moins que les crises soient surmontées grâce au soutien médical, «afin qu’aucun trouble psychique au sens strict ne survienne». Les personnes qui présentent déjà des troubles psychiques devraient être traitées de manière à «maîtriser leurs symptômes», a-t-il encore ajouté, afin de prévenir toute agression sexuelle de leur part.

À la question posée par kath.ch de savoir comment l’équipe du PUK procéderait si un collaborateur ecclésiastique travaillant dans le domaine de la jeunesse venait à la consulter, en avouant une préférence sexuelle pour cette tranche d’âge, Fanny de Tribolet-Hard a répondu que l’équipe travaillerait avec elle pour qu’elle change de poste.

Le patient doit vouloir changer

Il s’agit de comprendre d’où vient le problème et de déterminer dans quelle mesure la personne concernée peut contrôler son comportement. C’est là qu’intervient la thérapie, a expliqué la psychologue. Il est essentiel que le patient soit prêt à changer.

L’équipe de quatre personnes qui travaille actuellement au centre de prévention de la pédosexualité participera aussi à la consultation. Ils disposent d’une expertise en psychothérapie, en psychiatrie, en sexothérapie et en médecine légale.

Présent lui aussi à la conférence de presse, Mgr Joseph Maria Bonnemain, évêque de Coire, a déclaré soutenir «avec conviction la mise en place d’une consultation pour la santé mentale et sexuelle. Ce nouveau dispositif est un élément important du concept global de prévention des abus dans le contexte ecclésiastique.»

Les employés de l’Église disposeront ainsi d’un cadre protégé, externe à l’institution, pour évoquer leur situation instable et leurs éventuels comportements addictif. Citant l’apôtre Paul, «lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort» (2 Co), Mgr Bonnemain a insisté sur l’importance d’assumer ses propres faiblesses. Il a promis de s’engager pour que les six autres cantons du diocèse participent à cette nouvelle offre.

Ne plus «trier les méchants»

Pour Simon Spengler, responsable de la communication de l’Église cantonale de Zurich, la consultation permet une toute nouvelle approche du problème des abus. Jusqu’à présent la devise était: «Il faut trouver les méchants et les éliminer.» Il en va autrement avec la consultation, a-t-il fait remarquer. «Nous ne voulons éliminer personne par principe, mais plutôt intégrer.»

Ce service de consultation coûtera environ 88’000 francs par an à l’Église catholique du canton de Zurich, selon Andreas Kopp, membre du Conseil synodal. Il est prévu pour trois ans, jusqu’en décembre 2028. Il sera ensuite évaluée et une décision sera prise quant à sa poursuite. (cath.ch/kath.ch/rp/lb)

Rédaction

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