Cette réunion se tient en prologue au Jubilé des migrants, organisé au Vatican du 4 au 5 octobre. « Je prie pour que vos efforts fassent naître de nouvelles idées et approches, en plaçant toujours la dignité de chaque personne humaine au centre de toute solution », a expliqué Léon XIV. Il a situé cette démarche dans la continuité des appels du pape François, qui avait demandé aux universités de « contribuer à répondre aux besoins de nos frères et sœurs déplacés ».
En expliquant que plus de 100 millions de personnes dans le monde sont actuellement « touchées par des phénomènes de migration et de déplacement », le pape a repris le terme de « mondialisation de l’indifférence » souvent utilisé par son prédécesseur, dénonçant pour sa part une « mondialisation de l’impuissance ». Il y a opposé une « culture de la réconciliation », invitant à la promouvoir notamment dans des « terres marquées par des blessures profondes dues à des conflits anciens ».
Léon XIV a aussi insisté sur le témoignage de résilience laissé par les migrants en quête d’une vie meilleure. « Alors que nous nous préparons à célébrer les Jubilés des migrants et des missions en cette année sainte, je vous encourage à mettre en lumière ces exemples d’espérance dans les communautés que vous servez », a demandé Léon XIV.
Cette rencontre a pour thème « Réfugiés et Migrants dans notre maison commune : mobiliser les communautés académiques pour l’action ». Elle rassemble plus de 200 participants venus de plus de 40 pays, impliqués dans un projet mettant en réseau des ONG, des universités et d’autres institutions afin de garantir une prise en charge efficace des migrants.
Parmi les participants à cette rencontre, Alfred Babo, professeur associé de sociologie et d’anthropologie à l’université de Fairfield, dans le Connecticut (États-Unis), confie à I.MEDIA avoir été touché par l’encouragement donné par le pape aux universités dans leur soutien aux migrants, malgré une atmosphère politique hostile.
Cet universitaire ivoirien installé aux États-Unis depuis 13 ans voit grandir un racisme décomplexé de la police à l’égard des communautés africaines, et sent « une grande peur » se développer face au risque de bavure policière, avec une violence désinhibée sous la présidence Trump. « Un simple contrôle de circulation peut très vite mal tourner si les policiers voient que nous sommes Africains », observe-t-il, impressionné par les rafles menées par ICE, le service de l’immigration et des douanes.
« Dans certaines grandes villes, ICE peut arrêter les gens dans les rues, sur la base de leur couleur de peau. Même des citoyens américains se sont retrouvés détenus, le temps de pouvoir rassembler tous les documents nécessaires afin de prouver leur nationalité », remarque Alfred Babo.
Dans ce contexte, les campus universitaires tentent de demeurer des espaces sécurisés pour les étudiants étrangers. « Les universités ont été ciblées par l’administration, mais nous avons vu que de grandes institutions comme Harvard ou Columbia ont fait front. Cela a donné du courage aux petites universités comme la nôtre, pour rester des sanctuaires », explique-t-il.
« Notre université ne laisse entrer aucun officier de police ou d’ICE sur notre campus, ce qui permet par exemple aux étudiants en cours de régularisation de rester en sécurité », explique ce professeur de Fairfield, où l’université jésuite compte environ 6.000 étudiants. La direction a aussi décidé de soutenir tout le personnel d’origine étrangère en fournissant une assistance juridique en cas de difficulté administrative.
Au-delà de l’Église catholique, « toutes les confessions religieuses sentent qu’il faut ramener l’homme au centre de la politique », remarque l’universitaire ivoirien. « On parle souvent des migrants et réfugiés comme un concept, une catégorie, mais il faut d’abord rappeler que ce sont des êtres humains, afin de réveiller la conscience de l’humanité », insiste-t-il. (cath.ch/imedia/cv/mp)
I.MEDIA
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