La Turquie sera le premier pays visité par Léon XIV, élu pape le 8 mai dernier. Ce voyage est motivé par le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée, un événement qui a permis de fixer pour la première fois le Credo, c’est-à-dire la profession de foi chrétienne.
Le pape se rendra en pèlerinage à Iznik, explique sobrement le communiqué traduit en italien, en anglais et en français. Dans cette ville, située à une centaine de kilomètres au sud-est d’Istanbul, se trouve l’antique Nicée.
Une ancienne basilique immergée sous les eaux du lac d’Iznik a été retrouvée il y a une dizaine d’années. Elle pourrait désigner l’endroit où s’est tenu le premier concile œcuménique universel, convoqué par l’empereur Constantin (280-337) et qui a rassemblé environ 300 évêques venus des provinces de l’empire.
Le pape Léon XIV devrait y retrouver de nombreux responsables chrétiens, et notamment Bartholomée Ier, patriarche œcuménique de Constantinople. Cet été, le nouveau pape avait réaffirmé sa volonté de commémorer cet événement, en s’adressant à une délégation de pèlerins orthodoxes et catholiques américains reçus à Castel Gandolfo.
Dans un entretien accordé à la journaliste Elise Allen et publié en septembre, le pape Léon XIV commentait son souhait de se rendre à Nicée. Il confiait son désir que cet événement «devienne une occasion œcuménique d’inviter des responsables chrétiens […] car Nicée, c’est un Credo, c’est l’un des moments où, avant que ne se produisent les différentes divisions, nous pouvions tous encore trouver une profession de foi commune.»
Ce voyage en Turquie aura aussi une dimension politique. Répondant également «à l’invitation du chef de l’État», le pape Léon XIV sera très certainement reçu par le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan.
Ce voyage était prévu de longue date mais n’avait pas encore été officialisé. Déjà en 2024, le pape François avait exprimé sa volonté de se rendre en Turquie pour la commémoration du Concile de Nicée. En Turquie, le pape Léon XIV marchera sur les pas de quatre de ses prédécesseurs. Paul VI avait été le premier pape de l’ère moderne à voyager en Turquie, lors d’un déplacement de deux jours en juillet 1967. Il avait rencontré le patriarche de Constantinople Athénagoras.
Jean Paul II s’y était pour sa part rendu en 1979. Son successeur, Benoît XVI, y avait fait le déplacement en 2006. Il avait multiplié les gestes d’amitié à l’égard de l’islam, quelques semaines après son discours de Ratisbonne qui avait choqué de nombreux fidèles musulmans. Le pontife allemand s’était recueilli dans la Mosquée bleue d’Istanbul. Le pape François s’était lui aussi rendu en Turquie dès la deuxième année de son pontificat, en novembre 2014.
Après la Turquie, le pape Léon XIV s’envolera pour le Liban, où il posera le pied le 30 novembre. Pour l’heure, le Vatican n’a pas communiqué le détail du voyage. Mais la presse libanaise évoque une rencontre officielle au palais présidentiel avec le président, le Premier ministre, le chef du parlement, des ministres et des chefs religieux. Le Liban s’est doté d’un président en janvier dernier en la personne de Joseph Aoun, après plus de deux ans de vacance de la présidence.
La chaîne de télévision MTV rapportait en septembre qu’une célébration liturgique pourrait avoir lieu au cœur de Beyrouth, non loin de la mer. Des rencontres avec le clergé, avec les jeunes, et puis avec des musulmans seraient en préparation. Selon le média, le pape pourrait aussi se déplacer à Annaya, au nord-est de Beyrouth, pour se rendre notamment au monastère de Saint-Maron (mort vers 410), ce moine considéré comme le fondateur de l’Église maronite.
La venue du pape Léon XIV au Liban dès la première année de son pontificat marque une volonté d’honorer la promesse faite par son prédécesseur de s’y rendre. Le pape François avait fait le vœu de visiter le pays du Cèdre à plusieurs reprises. Un tel voyage avait même été annoncé par la présidence libanaise en avril 2022, mais ce déplacement n’avait pas abouti et l’absence de président libanais l’avait rendu impossible.
Ce voyage sera probablement placé sous le signe de la paix. La région a été marquée par la tragédie de la guerre. L’offensive d’Israël après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 par le Hamas continue de l’ébranler. Le jour de son élection, le pape Léon XIV avait souhaité une «paix désarmée et désarmante» pour le monde.
Au pays du Cèdre, Léon XIV marchera là encore dans les pas de Jean Paul II et de Benoît XVI. Le pontife polonais s’y était rendu en 1997. Le pape allemand y avait effectué son dernier voyage apostolique en 2012. Quant à Paul VI, il avait fait une brève escale à Beyrouth en 1964 sur le chemin d’un voyage en Inde.
Le prédécesseur de Léon XIV, le pape François, a effectué 47 voyages durant les douze ans de son pontificat, soit une moyenne de quatre par an. Son premier voyage avait été dédié aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Rio de Janeiro en juillet 2013. De même, le pape Benoît XVI avait inauguré ses déplacements à l’étranger par les JMJ de Cologne en août 2005.
Avec 104 voyages apostoliques hors d’Italie, Jean Paul II détient le record du nombre de déplacements pour un chef de l’Église catholique. Il avait débuté son pontificat par une tournée en République dominicaine, au Mexique, et aux Bahamas, en janvier 1979. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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