Einsiedeln: Premier pèlerinage des gens du voyage
Einsiedeln,
(APIC) Quelque 300 Jenisch et Manouches de Suisse ont participé de jeudi à dimanche au premier pèlerinage des gens du voyage auprès de la Vierge noire d’Einsiedeln. Organisé après celui de l’hiver dernier à Notre Dame des Marches à Broc, ce rassemblement était dû à l’initiative du Mouvement catholique des gens du voyage.
Une septantaine de caravanes venues de diverses régions de Suisse, mais aussi du sud de l’Allemagne ont établi leurs quartiers durant quatre jours au pied des Mythen, à Hoch-Ybrig. Les participants ont été officiellement reçus par la commune d’Einsiedeln qui a offert l’apéritif. La bénédiction des familles, le chemin de Croix du vendredi, la procession aux flambeaux, sans oublier la grand-messe de dimanche à la basilique ont été les moments forts de la rencontre. Pour les participants ce pèlerinage se fait sous le signe de l’action de grâce et de la prière. C’est aussi l’expérience du lien avec l’Eglise universelle, explique le dominicain Jean Bernard Dousse, aumônier catholique des gens du voyage.
La prière du chemin de croix en plein air avec ses quatorze stations qui rappellent la passion du Christ a particulièrement touché les Jenisch. « Dans nos déplacements, nous sommes souvent seuls, avec nos soucis, nos détresses, nos peurs. Nous savons ce que c’est d’être rejetés, de n’être pas reconnus. Nous reconnaissons dans le Christ quelqu’un qui a souffert pour nous sauver », note un des responsables. Précédés d’une maquette de roulotte en bois et d’une croix garnie d’une guirlande de fleurs, les gens du voyage ont pérégriné lentement autour de la basilique.
Nous étions délaissés et oubliés
Durant des décennies, l’Eglise locale a plus ou moins délaissé la pastorale des gens du voyage. Si certains se sont totalement sédentarisés, beaucoup de Jenisch passent encore les mois d’été sur les routes de Suisse et de l’étranger. Dès le mois de mars, ils quittent leur quartiers d’hiver. Pour les enfants cela signifie la fin de l’école et de la catéchèse. Pour les adultes l’impossibilité d’avoir un lien avec une communauté paroissiale. La préparation aux sacrements, baptême, première communion, confirmation ou mariage, et leur célébration se faisant alors au gré des circonstances souvent de manière trop rapide. Une indifférence qui était aussi une porte ouverte pour les sectes ou les charlatans de tous poils.
Mandaté par la Conférence des évêques suisses, le Père Dousse tente depuis cinq ans de mettre sur pied un pastorale un peu plus systématique en particulier en visitant les cheminants sur leurs places de stationnement. Depuis le printemps, une petite équipe dispose même pour ses tournées d’une « voiture aumônière » cadeau d’un donateur de Genève.
« Nous nous sentions oubliés et délaissés. Aujourd’hui nous avons le sentiment d’être acceptés. Les évêques sont venus vers nous. Cette attitude nous donne force et joie, » témoigne un membre du Mouvement catholique des gens du voyage.
Le Père Dousse est conscient que son travail ne suffit pas. A l’avenir, il espère la création d’une paroisse extra-territoriale pour les gens du voyage avec un aumônier à plein temps. (apic/vo/mp)
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