Terre Sainte: heureuse de l’accord de paix, l'Eglise reste prudente

Après 733 jours de guerre entre Israël et le Hamas, l’annonce, le 8 octobre 2025, par le président américain Donald Trump d’un accord de cessez-le-feu suscite un mélange de soulagement et de prudence dans l’Église de Terre Sainte. Le Patriarcat latin a immédiatement relancé ses opérations humanitaires, tandis que le curé de Gaza implore que la population de l’enclave ne soit pas oubliée.

Par terresainte.net

Mercredi 8 octobre, peu avant 19 heures à Washington – soit deux heures du matin à Jérusalem –, Donald Trump annonçait sur son réseau social que «toutes les parties [seraient] traitées de façon équitable» dans la première phase de son plan pour Gaza, rapporte le site d’information terresainte.net. L’accord, négocié à Charm el-Cheikh avec la médiation du Qatar, de l’Égypte et de la Turquie, prévoit la libération des otages et un retrait progressif des troupes israéliennes.

Dans un communiqué publié le 9 octobre, le cardinal Pierbattista Pizzaballa a salué «une étape importante» qui apporte «un peu plus de confiance en l’avenir et un nouvel espoir». Le Patriarcat latin de Jérusalem «accueille avec joie l’annonce d’un accord» et appelle à «une aide humanitaire immédiate et inconditionnelle» pour Gaza. «Nous voyons enfin quelque chose de nouveau et de différent.» «Aujourd’hui, nous sommes heureux et nous espérons que ce n’est que le début d’une nouvelle phase où nous pourrons, petit à petit, penser non plus à la guerre, mais à la reconstruction.»

«La route jusqu’à un accord final sera longue»
– Card. Pizzaballa

Le patriarche, tout en soulignant que «la route jusqu’à un accord final sera longue», estime que cet accord crée «une atmosphère nouvelle». Il a rappelé que «la paix durable passe par la question palestinienne»: tant qu’aucune perspective claire ne sera offerte au peuple palestinien, aucune paix ne pourra s’enraciner.

Gaza et la Cisjordanie: un même destin

Dans son entretien du 9 octobre, le patriarche a insisté sur l’unité du destin palestinien: «On ne peut pas séparer la bande de Gaza et la Cisjordanie car elles appartiennent au même peuple.» Selon lui, l’amélioration de la situation dans l’enclave doit permettre de «se concentrer désormais sur la Cisjordanie où il y a de très nombreux problèmes».

Il a aussi appelé à une approche plus inclusive: «Il est temps non pas de parler des Palestiniens, mais de parler avec eux». Pour lui, toute perspective politique durable suppose d’associer les Palestiniens – y compris ceux de Ramallah – aux discussions sur l’avenir de Gaza et de la Cisjordanie.

Sur le terrain, le patriarcat latin a d’ores et déjà repris les négociations pour l’acheminement de l’aide humanitaire: «Nous avons déjà commencé, une livraison est en cours, elle devrait arriver ces jours-ci», a confirmé le patriarche. Cette reprise intervient alors qu’un projet commun avec la Conférence épiscopale italienne vise à installer un hôpital catholique à Gaza, en partenariat avec Malteser International. L’objectif: répondre à la crise sanitaire aiguë qui sévit dans une enclave dévastée.

Parlant des chrétiens de Gaza qui en dépit de la situation décideraient de rester le cardinal a redit que «personne ne sera abandonné. Nous sommes là et nous y resterons».

« Le début de la fin de cette guerre! »

Depuis la paroisse de la Sainte-Famille, à Gaza-ville, le Père Gabriel Romanelli partage la même joie prudente. «Le début de la fin de cette guerre!», confie-t-il, tandis que les bombardements se poursuivent encore au-dessus de sa tête.

Le Père Romanelli, ici en juillet 2025, blessé lors de l’attaque de la paroisse de Gaza, estime que l’après-guerre « sera terrible » | © Vatican Media

Le prêtre raconte le quotidien d’une communauté meurtrie: un réfugié blessé par balle le jour même de l’accord, opéré en urgence; des familles réfugiées dans les bâtiments paroissiaux; une population épuisée mais gardant l’espoir. «L’après-guerre sera terrible, absolument terrible. Espérons que le monde n’oubliera pas les plus de deux millions de personnes qui vivent dans la bande de Gaza.»

«L’après-guerre sera terrible, absolument terrible. »
– Père Romanelli

Pour le cardinal Pizzaballa, la fin des combats n’est qu’un commencement: celui d’une reconstruction matérielle et spirituelle. «Nous devons retrouver des mots qui construisent des relations. Nous avons trop longtemps parlé le langage du mépris; il faut désormais réapprendre celui du respect.» (cath.ch/terresainte/bh)

Rédaction

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