Une « culture de l’impunité »
Monrovia, 6 août (APIC) L’église catholique et les Organisations non gouvernementales (ONG) du Liberia ont dressé un violent réquisitoire contre le gouvernement pour sa passivité face aux violations incessantes des droits de l’homme. Elles considèrent qu’une véritable « culture de l’impunité » s’est instaurée dans ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest.
Dans des documents séparés publiés à Monrovia, l’Eglise, par le biais de sa Commission Justice et Paix (PJC) et une coalition de douze ONG locales dénoncent la situation de « non-droit général dans le pays ». Elles citent les nombreux cas de disparition de civils, après leur enlèvement, en mai dernier dans un quartier de Monrovia par des policiers, ainsi que l’assassinat de deux policiers par des agents des services de sécurité, le meurtre d’un vendeur ambulant, lors d’une opération de rafle, le saccage, la semaine dernière, du domicile d’un ancien membre du gouvernement par des anciens combattants. Il s’y ajoute, l’habitude inouïe des forces de sécurité, d’ouvrir le feu sur les automobilistes lors de passages du cortège présidentiel dans des rues de la capitale.
Selon les défenseurs des droits de l’homme, le gouvernement a été plusieurs fois informé du harcèlement des populations civiles par les agents des forces de sécurité. Aujourd’hui ils lancent un appel impérieux aux autorités pour faire cesser les exactions, tout en soulignant la nécessité d’enquêter, de façon rigoureuse sur tous les cas d’abus de violation des droits de l’homme qui sont signalés aux autorités.
Le gouvernement du président Charles Taylor, au pouvoir depuis les élections présidentielles et législatives de 1997 qui ont mis fin à huit ans de guerre civile (1989-97), a rejeté en bloc toutes les accusations de l’Eglise et des ONG de défense des droits de l’homme. Son porte-parole estime qu’il s’agit d’une « campagne de dénigrement » dont le but est d’empêcher les bailleurs de fonds d’apporter leur aide financière à la reconstruction du pays. Dans un communiqué de presse, le ministère de l’information juge de son côté que l’Eglise et les ONG veulent utiliser ces rapports pour obtenir des financements internationaux. (apic/ibc/mp)
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