Au Tessin, des femmes aident d'autres femmes à s'intégrer

Des femmes qui s’investissent pour d’autres femmes: tel est le principe du projet «Un pas vers la ville» (Un passo verso la città), né il y a une dizaine d’années à Lugano à l’initiative de l’association MC-MC. Le but est d’aider les femmes immigrées au Tessin à apprendre l’italien et à se sentir intégrées socialement.

Silvia Guggiari, catt.ch / traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

«L’idée de base est que, si l’on soutient les femmes, on soutient la famille et on contribue ainsi à créer une société meilleure», explique Letizia Salvadé, responsable du projet «Un pas vers la ville» depuis des années. Les premières propositions de rencontres ont été lancées en 2010 à l’intention des femmes immigrées. Il est essentiel pour ces dernières d’apprendre la langue italienne, afin de s’intégrer dans leur environnement, d’établir des relations avec l’école de leurs enfants et de chercher un emploi pour gagner en autonomie.

Depuis lors, plusieurs projets ont vu le jour, notamment grâce aux financements accordés par le canton et d’autres soutiens. «Nous avons été les premiers dans la région à proposer des cours mère-enfant, dans lesquels, en plus des cours d’italien, nous avons immédiatement offert la possibilité d’accueillir et de garder les enfants afin que les mères ne soient pas obligées d’attendre pour consacrer du temps à elles-mêmes et à leur formation.»

Letizia Salvadè mène depuis quelques années le projet « Un pas vers la ville » | © DR

Un pont vers l’intégration

Au début, les cours étaient gérés uniquement par des bénévoles, «puis nous avons réussi à obtenir des financements qui nous permettent de rémunérer les enseignantes». À ce jour, trois cours mère-enfant ont été mis en place avec une éducatrice diplômée, une assistante éducatrice et des bénévoles qui se relaient. Souvent, les bénévoles sont d’anciennes participantes aux cours. Après trois ans de cours d’italien, il leur est proposé d’assister aux leçons dans le but d’entrer en contact avec les gens, de s’intégrer dans la société, de créer des réseaux, de se sentir utiles et de pratiquer la langue en attendant de trouver un emploi.

Cours de langue et rencontre entre les cultures

Depuis trois ans, les cours ont lieu dans les salles de l’oratoire de Lugano: «Nous avons commencé avec une seule classe d’une quinzaine de femmes», explique Letizia Salvadé. Des femmes venues du monde entier et issues de cultures très diverses. «Nos classes sont très hétérogènes, tant en termes d’origine culturelle que de formation. Certaines femmes ont un diplôme, voire une licence, tandis que d’autres ont à peine le diplôme de l’école primaire. Leurs origines géographiques sont très variées: Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, mais aussi Somalie, Érythrée, Soudan. Il existe inévitablement entre elles de grandes différences culturelles, linguistiques et même religieuses, ce qui rend la cohabitation parfois difficile.»

L’offre, au fil des ans, a su montrer la beauté de faire partie d’une société accueillante, qui ouvre ses portes à l’autre, qui valorise les femmes et leur parcours: «Dans nos cours, il y a comme un fil rouge qui est celui d’être à la fois femme, mère, personne immigrée: le désir de s’intégrer nous unit et nous est commun. Je suis convaincue que la seule façon de rencontrer l’autre est de l’accueillir tel qu’il est et de commencer à marcher ensemble.»

Partage de connaissances

En une quinzaine d’années, de nombreuses femmes ont été accueillies dans les cours proposés par le projet Un passo verso la città qui propose aujourd’hui, en plus des cours de langue pour les mères et leurs enfants, divers ateliers et cours d’italien pour les Ukrainiens, ainsi qu’une série d’activités visant à l’intégration. «Nous nous engageons – conclut Letizia Salvadé – à offrir aux personnes qui viennent nous voir une partie de nos connaissances sur le territoire, ainsi que la possibilité de créer des réseaux avec d’autres associations et organismes locaux.» (cath.ch/catt/sg/rz)

MC-MC est une association suisse de droit public reconnue d’utilité publique, officiellement affiliée à la Fosit (Fédération des ONG de la Suisse italienne) depuis 2019.

Rédaction

Portail catholique suisse

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