La rencontre a duré plus de deux heures et s’est conclue «par un moment de prière intense». Les membres du « Groupe des 15 » – qui représente plus de 1’500 victimes reconnues d’abus sexuels au sein de l’Église en Belgique – ont pu s’exprimer devant le pontife autour de trois thématiques: le volet spirituel, les indemnisations et le message «Plus jamais ça». Le pape Léon XIV honorait ainsi une promesse faite par son prédécesseur, François, lors de sa visite pastorale en Belgique, en septembre 2024.
Pierre Englebert, l’un des membres de la délégation des quinze survivants belges d’abus sexuels au sein de l’Église, a salué samedi une audience «constructive» avec le pape Léon XIV à la Cité du Vatican. «Le pape a été à l’écoute, dans un dialogue franc et direct, sans fioritures», a-t-il déclaré à l’agence Belga à la sortie de la rencontre.
Avant leur entretien avec le pape Léon XIV, le groupe de quinze victimes belges d’abus dans l’Eglise avait été entendu par la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Une rencontre marquée par une écoute réelle, estiment les victimes.
Travaillant en étroite collaboration avec l’Église belge sur la question de la protection des mineurs, la Commission a rencontré ces victimes vendredi matin 7 novembre, afin de poursuivre le dialogue entamé en juillet dernier, lors de la visite d’une délégation de la Commission en Belgique.
La plupart des membres de ce groupe avaient rencontré le pape François lors de son voyage apostolique en Belgique en septembre 2024. Au cours de cette rencontre, qui s’est tenue à la nonciature apostolique de Bruxelles, les victimes d’abus avaient pu raconter leur histoire et leur douleur au pape argentin, en exprimant leurs attentes concernant l’engagement de l’Église contre les abus.
De son côté, le pape François a pu les écouter et compatir à leur souffrance, en exprimant sa gratitude pour leur courage, et un sentiment de honte pour ce qu’ils ont subi lorsqu’ils étaient enfants, tout en prenant note des demandes qui lui ont été adressées, rapporte Vatican News.
Le 4 novembre, le «Groupe des 15» avait estimé que la politique mise en place par les évêques de Belgique «ne va pas plus loin qu’une limitation des dégâts» et qu’«un véritable dialogue avec l’Église reste impossible».
Certaines victimes ont déploré le manque d’empathie de l’Eglise de Belgique et ont remis une lettre au pape demandant la mise à l’écart de l’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden, selon le quotidien «Le Soir» du 8 novembre 2025. Mgr Terlinden a été nommé par la Conférence des évêques de Belgique comme référent sur la question des abus dans l’Église en Belgique.
Dans une lettre ouverte à l’adresse du pape Léon XIV publiée le 6 novembre dans le quotidien «La Libre», l’un des quinze «survivants» d’abus sexuels qui ont rencontré le pape François lors de sa visite en Belgique en septembre 2024, écrit: «Après un an de travail, je ne peux que conclure que vos évêques en Belgique se rendent clairement coupables de négligence volontaire, et que quiconque coopère dans le silence avec votre institution s’en rend complice».
La réponse des évêques de Belgique à la lettre ouverte du 6 novembre dernier, livrée par le Père jésuite Tommy Scholtes, porte-parole des évêques de Belgique, rappelle que «si un évêque est informé d’un tel crime aujourd’hui [un abus sexuel, ndlr], il suspend le prêtre, le dénonce auprès du Procureur du Roi et informe la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à Rome».
«Mgr Terlinden, l’a dit, les abus sexuels commis par des clercs sont « une honte et une humiliation », mais ils sont surtout un traumatisme indicible que vous vous et vos familles vivez, jusque dans les blessures posttraumatiques. Il l’a redit devant le groupe des « survivants » réuni par la Fondation Dignity – créée par les évêques et les supérieurs des religieux dans le but d’accompagner les victimes d’abus sexuels -, où les évêques et les supérieurs religieux ont récemment nommé Mme Jessika Soors, coordinatrice nationale pour la lutte contre les abus sexuels dans l’Eglise. Plusieurs rencontres ont eu lieu depuis lors. Sans doute vous y avez participé. Elle y travaille avec coeur et compétence».
«Rencontrant une de vos demandes, ce 18 octobre, la Fondation Dignity a informé les victimes reconnues de violences sexuelles dans l’Église, qu’elles recevront un soutien supplémentaire de 3.000 euros pour des soins psychothérapeutiques. L’initiative vise à rendre les soins psychothérapeutiques plus accessibles aux victimes, dans l’attente d’un cadre légal définitif auquel il est travaillé».
Mgr Luc Terlinden, poursuit le Père Scholtes, disait récemment: «L’Église reconnaît l’urgence et la profonde souffrance des victimes d’abus sexuels en son sein. Ce soutien est un nouveau signal tangible dans un processus plus large de réparation et de prise de responsabilité». Les victimes reconnues reçoivent, lors de la conclusion d’une convention de transaction, une indemnité morale comprise entre 2.500 et 25.000 euros, montants fixés en 2012 par le Parlement Fédéral, y compris si les faits sont déclarés prescrits par la Justice. Les montants ont été indexés de 33 % l’an dernier. «En cela l’Eglise rencontre les recommandations des Commissions parlementaires. Ces recommandations seront la boussole de l’Eglise», conclut le porte-parole des évêques de Belgique. (cath.ch/belga/lalibre/lesoir/vaticannews/be)
Jacques Berset
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