L’Année sainte du Jubilé de 2025, ouverte par le pape François le 24 décembre dernier, approche de sa fin et sera conclue le 6 janvier prochain par le pape Léon XIV. Alors que les pèlerins continuent d’affluer à Rome, l’un des derniers grands événements de l’agenda officiel du Jubilé, celui consacré aux pauvres, s’ouvre ce 14 novembre.
Ce rendez-vous, voulu par François, entre en résonance avec la première exhortation apostolique de son successeur, Dilexi te, dans laquelle Léon XIV insiste sur la nécessité de donner une place centrale dans l’Église à ceux qui sont aux marges. «Le texte est très clair: il rappelle que les pauvres doivent occuper les premières places dans l’Église, et c’est le sens profond de ce Jubilé», analyse Pascal Bregnard, diacre et membre de Fratello, qui accompagne à Rome un groupe d’une centaine de personnes de la Suisse romande.
En tout, ce sont près de 10’000 pèlerins – personnes en situation de précarité, accompagnateurs, membres d’associations – qui sont attendus à Rome pour ces festivités, a annoncé le dicastère pour l’Évangélisation, qui coordonne l’organisation de l’événement jubilaire avec le dicastère pour la Charité. La venue de 1’500 pèlerins venant de France, Suisse, Belgique, Luxembourg, Pologne, Espagne et Pays-Bas a été orchestrée par Fratello. Cette association a travaillé pour cela avec 70 associations au service des personnes qui connaissent ou ont connu la rue, l’isolement, la prostitution ou encore la prison.
Fratello s’est fait connaître en inspirant au pape François la Journée mondiale des pauvres, instaurée en 2017 et fixée en novembre. Depuis, l’organisation française s’investit chaque année pour donner une plus grande visibilité à cette célébration en impliquant directement les personnes démunies. La neuvième édition de la Journée mondiale des pauvres sera célébrée ce 16 novembre.
«Il y a vraiment une excitation, une joie de participer à un tel événement qui commence à émerger dans notre groupe», rapporte Pascal Bregnard, qui dirige aussi la Caritas du canton de Fribourg. Ces dernières semaines, tous ont participé à des réunions pour préparer cette visite, aussi bien sur le plan pratique que spirituel. «C’est un moment exceptionnel: l’une des personnes accompagnées, âgée d’environ 70 ans, m’a dit que ce serait la première fois et probablement la dernière fois qu’elle aurait la chance d’aller à Rome», témoigne-t-il.
En ouverture, une grande veillée de prière se tiendra ce vendredi dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, coorganisée par Fratello avec l’association française Sacrée Musique. Elle sera animée par le «Chœur des Fratelli», un ensemble rassemblant des personnes en situation de précarité et des artistes gospel professionnels du «Gospel Philharmonic Experience». Des témoignages, des temps de prière et de confession sont prévus.
Le lendemain, le 15 novembre, de 9 h à 15 h, les pèlerins du monde entier vivront leur démarche jubilaire en franchissant la «Porte sainte» de la basilique Saint-Pierre. Des activités créatives et culturelles à Rome et des temps spirituels sont prévus, notamment la vénération des reliques de sainte Thérèse de Lisieux à l’église de la Trinité-des-Monts, ainsi qu’un temps d’échange avec le cardinal François Bustillo, évêque d’Ajaccio. Le groupe helvète visitera pour sa part la caserne de la Garde suisse.
Dans l’après-midi, une grande procession de Notre-Dame de Tendresse, une statue imaginée pour cet événement, aura lieu. Cette année, 25 statues de Notre-Dame de Tendresse ont voyagé dans les communautés les plus éprouvées du monde en amont de ce grand rassemblement jubilaire, pour recueillir leurs intentions de prière. La statue a notamment été acheminée en Inde, aux Philippines, au Congo, à Madagascar, au Sénégal, au Portugal, en Terre sainte, au Brésil et au Chili. Chaque communauté visitée a remis un morceau de tissu, symbole de sa prière et de son espérance, et ces tissus, cousus ensemble, forment un grand manteau pour la statue, qui sera portée par des personnes en précarité. La procession gagnera le Vatican, où se déroulera une veillée de prière mariale sur la place Saint-Pierre en fin de journée, animée une nouvelle fois par Fratello.
Tous les pèlerins se retrouveront dimanche à l’occasion de la messe célébrée par le pape Léon XIV pour la Journée mondiale des pauvres, à 10 h sur la place Saint-Pierre. À cette occasion, les reliques de saint Benoît-Joseph Labre (1748–1783), surnommé «le vagabond de Dieu», seront exceptionnellement exposées. La dépouille sans-abri, vénéré à Rome où il acheva sa vie, repose habituellement dans la basilique Sainte-Marie-des-Monts.
Après la messe, 1’300 pauvres seront reçus par le pape pour un déjeuner organisé par l’aumônerie apostolique dans la salle Paul VI. D’autres partageront un repas – un «banquet de l’amitié» – dans les environs du Vatican.
À Rome, ce Jubilé est aussi l’occasion de nombreux gestes de solidarité envers les plus démunis. Exceptionnellement, l’aumônerie apostolique, dirigée par le cardinal Konrad Krajewski, a étendu les horaires d’ouverture de son centre de premiers secours, la clinique «Mère de Miséricorde», sur la place Saint-Pierre. Les pauvres peuvent y bénéficier d’examens médicaux, de soins dentaires ou spécialisés, dispensés par des bénévoles, ainsi que de médicaments gratuits.
Un second centre sanitaire, «Saint-Martin», sera inauguré sur le territoire du Vatican. Il comprendra un service de radiologie de dernière génération. De plus, le dicastère pour l’Évangélisation prendra en charge des factures et des courses alimentaires de familles italiennes précaires, grâce au soutien financier d’une banque locale.
Enfin, le pape Léon XIV se joindra à cet élan de solidarité en envoyant, comme l’avait fait le pape François ces dernières années à plusieurs reprises, un camion humanitaire en Ukraine. Le véhicule se rendra à Kharkiv, l’une des villes les plus touchées par la guerre, avec à bord des vêtements chauds et des biens de première nécessité pour la population. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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