Brésil: Biographie du cardinal Paulo Evaristo Arns, ancien archevêque de Sao Paulo
Sao Paulo; 31 août 1999 (APIC) Un livre intitulé « Dom Paulo Evaristo Arns, un homme aimé et persécuté » vient de sortir de presse au Brésil. Il révèle des faits inédits sur la vie de l’ancien archevêque de Sao Paulo. Entre autres, un attentat contre le prélat brésilien à la fin du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) à Saint-Domingue en 1992.
Les noms de ceux qui ont pratiqué l’attentat sont encore inconnus aujourd’hui. Les évêques réunis de Saint-Domingue avaient été avisés, à l’époque, « qu’un cardinal de l’Amérique latine allait être séquestré en échange d’un célèbre trafiquant de drogue alors prisonnier en Colombie ».
Les auteurs de la biographie, les journalistes Evanize Sydow et Marilda Ferri, racontent les détails de l’accident de voiture, gardé secret, survenu le 25 novembre 1992. Rapportant le propre témoignage du cardinal Arns, ils démontrent que l’accident fut prémédité avec la participation d’une jeep militaire dans laquelle le cardinal se trouvait en compagnie de Mgr Geraldo Agnelo Majela, actuellement archevêque de Salvador et Primat du Brésil. Durant le voyage, dom Paulo fut désagréablement surpris de la manière dont le chauffeur, un sergent de l’armée, le traitait. Tout à coup, une voiture arriva en sens inverse dans leur direction. Dom Paulo alerta le chauffeur qui manifestement ne fit rien pour éviter l’accident. Le choc fut inévitable et la voiture dans laquelle se trouvait les deux évêques brésiliens fut renversée sur le côté. L’archevêque de Sao Paulo, alors âgé de 72 ans, perdit connaissance et fut réanimé grâce au bouche à bouche. A l’hôpital et durant le voyage de retour au Brésil, il passa par des moments de confusion mentale, mais encore aujourd’hui, il se rappelle très bien qu’avant de prendre l’avion pour Sao Paulo, un agent de la sécurité de Saint-Domingue lui dit à voix basse. « Nous vous demandons pardon pour tout ce qui est arrivé ».
118 personnes contactées
Les auteurs du livre ont recueilli le témoignage de 118 personnes, au Brésil et à l’étranger sur la personne du cardinal brésilien. Ils relatent toutes les étapes de sa vie: son enfance dans l’Etat de Santa Catarina, dans le sud du pays, son entrée chez les franciscains, sa présence à Paris quand il étudiait les Lettres à la Sorbonne et sa pastorale courageuse quand il fut nommé archevêque de Sao Paulo.
On trouve aussi la réflexion du pape Paul VI qui avait rencontré le jeune franciscain et qui avait dit : « Je souhaite qu’il devienne un jour évêque, car il est préoccupé par la justice sociale ». Un chapitre évoque l’action de Dom Paulo envers les prisonniers politiques brésiliens et argentins et les luttes qu’il eut avec les représentants de la dictature militaire, n’hésitant pas à dénoncer publiquement leur grave responsabilité dans les tortures et autres atteintes aux droits de l’homme.
La sortie du livre sur le cardinal Arns doit beaucoup à l’un des meilleurs amis de Dom Paulo, Jaime Wright, pasteur luthérien, qui est décédé le 29 mai de cette année, un semaine avant la sortie du bon à tirer de l’ouvrage. Les deux ecclésiastiques avaient mené à bien le projet « Brasil Nunca Mais » (« Brésil, Jamais plus »), l’enquête la plus rigoureuse sur la torture pratiquée dans les prisons durant la dictature militaire brésilienne.
Le côté humain du cardinal
La biographie du cardinal Arns montre aussi son côté humain. Elle parle de la passion du cardinal pour le football et révèle une partie de son immense correspondance avec des personnalités de différents credos idéologiques. L’une d’entre elles est le président cubain Fidel Castro à qui, dès 1982, il a envoyé dix lettres. Ce dernier lui a répondu une fois avec une caisse de 500 cigares Cohiba, inutiles pour un non-fumeur, mais qui furent une providence lors d’une distribution mémorable à l’occasion d’une Assemblée générale des évêques brésiliens. (apic/dak/ba)
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