«Nous sommes les gardiens de la création, non des rivaux qui se disputent ses dépouilles», martèle Léon XIV dans ce message adressé aux évêques et cardinaux représentant les «Églises particulières du Sud du monde», réunis le 17 novembre au musée de l’Amazonie à Belém, dans le cadre de la Conférence internationale des Nations unies sur le changement climatique (COP30).
Six ans après l’assemblée synodale consacrée à cette région du monde qui fut organisée au Vatican sous l’égide du pape François, son successeur explique que «la région amazonienne continue d’être un symbole vivant de la création, avec un besoin urgent de soins».
Le pape observe l’engagement de nombreuses nations dans cette vaste négociation multilatérale amorcée depuis maintenant 30 ans. Il se réjouit de voir une «communauté mondiale qui travaille ensemble» en préférant «l’espérance et l’action au désespoir». Il constate cependant que cet engagement «a produit des progrès, mais pas assez».
«La création crie à travers les inondations, les sécheresses, les tempêtes et la chaleur implacable», rappelle Léon XIV. Il pointe également les conséquences humaines et sociales de ces dérèglements du climat, à la suite de l’encyclique du pape François Laudato si’ (2015). «Une personne sur trois vit dans une situation de grande vulnérabilité à cause de ces changements climatiques. Pour elles, le changement climatique n’est pas une menace lointaine, et ignorer ces personnes signifie nier notre humanité commune», avertit Léon XIV.
«Il est encore temps de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C, mais la fenêtre se referme.» Le pontife pointe la responsabilité des leaders internationaux dans le manque de concrétisation des objectifs de la COP21.
Cette conférence organisée à Paris en novembre et décembre 2015 avait fixé un objectif mondial de limitation du réchauffement entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Mais la sortie des énergies fossiles ne fait pas consensus, et l’opposition à cet accord est devenue par la suite un argument de campagne pour certains leaders politiques.
«Nous devons être honnêtes: ce n’est pas l’Accord qui échoue, mais nous qui échouons dans notre réponse. Ce qui manque, c’est la volonté politique de certains», explique Léon XIV. Il pointe notamment, sans la nommer, la position climatosceptique du gouvernement Trump.
Dès son premier mandat, en 2018, le président américain avait décidé de retirer la signature américaine de cet accord jugé trop contraignant pour les industries fossiles. Après que Joe Biden l’ait réintégré, Donald Trump en est à nouveau sorti, dès le 20 janvier 2025, quelques heures après son investiture pour un second mandat.
Léon XIV souligne pour sa part que «le vrai leadership» doit passer par «des actions et des politiques climatiques plus ambitieuses» qui représentent «un investissement dans un monde plus juste et plus stable».
«Nous marchons aux côtés de scientifiques, de dirigeants et de pasteurs de chaque nation et de chaque croyance», indique Léon XIV. «Ensemble, nous envoyons un signal mondial clair: des nations qui soutiennent avec une solidarité inébranlable l’Accord de Paris et la coopération climatique», insiste Léon XIV. Il demande de préférer «la coopération à la division et au déni».
Après l’ouverture solennelle de la conférence sur le climat en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement et délégués de haut niveau – parmi lesquels le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, qui avait lu un message du pape -, la COP30 est entrée cette semaine dans une phase plus technique, avec des réunions mobilisant ministres et experts. La première semaine s’est achevée sur une impression mitigée, de nombreux délégués des peuples autochtones dénonçant l’indifférence dont ils se sentent victimes dans cette conférence internationale organisée près de leurs terres. (cath.ch/imedia/cv/rz)
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