«La sécurité frontalière n’est pas seulement bénéfique pour les citoyens américains. C’est une mesure humanitaire pour le monde entier», a déclaré JD Vance lors d’une interview sur le site Breitbart.
Deux jours plus tôt, le pape Léon XIV avait demandé aux Américains d’écouter le message des évêques américains s’opposant à «l’expulsion massive et aveugle de personnes» et appelé à un traitement humain des migrants.
Le pape avait néanmoins nuancé son propos: «Personne n’a dit que les États-Unis devraient avoir des frontières ouvertes. Je pense que chaque pays a le droit de déterminer qui, comment et quand les gens entrent sur son territoire.»
Un propos que JD Vance a immédiatement repris à son profit en déclarant, qu’en tant que ›catholique fervent», il avait suivi de près les commentaires du Saint-Père. Selon lui, la position de l’Église catholique sur cette question est en fait très claire. «Il est vrai que vous devez traiter les immigrants avec humanité. Mais d’un autre côté, chaque nation a le droit de contrôler ses frontières. Et évidemment, la manière dont vous trouvez cet équilibre est très importante, mais il y a beaucoup de marge de manœuvre pour contrôler vos propres frontières dans l’intérêt de votre propre peuple.»
Le message spécial de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) a souligné que les Etats ont «la responsabilité de réglementer leurs frontières et d’établir un système d’immigration juste et ordonné». Mais il citait aussi le Catéchisme de l’Église catholique qui dit que «les nations plus prospères sont tenues, dans la mesure de leurs moyens, d’accueillir l’étranger».
Les évêques américains ont déploré les conditions de vie des migrants retenus dans les centres de détention et le manque d’accès aux services pastoraux. Ils se sont dits «attristés par l’état du débat actuel et la diffamation des immigrants».
JD Vance a répondu que les «frontières ouvertes ne favorisent pas la dignité [humaine], même celle des migrants illégaux eux-mêmes». A l’appui de son propos, il est revenu sur le trafic de drogue et le trafic sexuel. «Lorsque vous donnez du pouvoir aux cartels et aux trafiquants d’êtres humains, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs, vous donnez du pouvoir aux pires personnes au monde.»
«Ma priorité, ma mission, est de veiller sur le peuple des États-Unis d’Amérique, et vous ne pouvez pas le faire si vous inondez le pays d’une multitude d’immigrants illégaux, de drogues et de crimes qu’ils apportent avec eux », a martelé JD Vance.
Associer les immigrants aux crimes est une attitude très répandue aux Etats-Unis et ailleurs, mais elle ne correspond pas à la réalité, dénoncent les défenseurs des droits humains. De nombreuses études ont montré que, dans l’ensemble, les immigrants ne commettent pas plus de crimes que les personnes nées aux États-Unis et en fait sont moins susceptibles d’en commettre. L’économiste Ran Abramitzky de l’Université de Stanford a constaté que depuis les années 1960, les immigrants ont 60% moins de risques d’être incarcérés que les personnes nées aux États-Unis.
Une étude menée par le Cato Institute, qui a examiné plus d’une décennie de données, a révélé que les immigrants, y compris ceux entrés illégalement dans le pays, ont un taux de criminalité bien inférieur à celui de la population native.
Ainsi en 2023, le taux d’incarcération des Américains natifs était de 1’221 pour 100’000 personnes. Pour les immigrants légaux, il était de 319 pour 100’000, et pour les immigrants en situation irrégulière, de 613 pour 100’000. Il y a ainsi entre deux et quatre fois plus de criminels parmi les citoyens américains que parmi les immigrants.
«Malgré les obstacles et les préjugés, des générations d’immigrants ont apporté une contribution énorme au bien-être de notre nation», ont rappelé les évêques américains. (cath.ch/cna/mp)
Maurice Page
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