Abbé Daniel Agbeti – Eglise Notre-Dame de l’Epine, Berlens, FR
Bien aimés du Seigneur,
Chers auditrices et auditeurs de la RTS,
Pour clôturer l’Année liturgique C, l’Église nous donne une image surprenante du Christ Roi : Jésus crucifié, faible, silencieux, humilié, dépouillé de tout attribut de puissance, pas d’armée, pas de victoire spectaculaire. Seulement un homme cloué à une croix, insulté par la foule.
Luc souligne cette contradiction par la triple interpellation ironique, trois groupes se moquent de Jésus : les chefs, les soldats, un malfaiteur. Tous répètent : « Sauve-toi toi-même ». À travers ces moqueries, c’est la compréhension humaine du pouvoir — domination, orgueil, auto-préservation — qui est interrogée.
Une forme de royauté radicalement autre
Or Jésus ne répond pas à cette logique. Il manifeste une forme de royauté radicalement autre : une royauté kénotique, fondée non sur la contrainte mais sur le don total de soi. La croix devient ainsi le lieu théologique où se révèle la souveraineté divine comme amour jusqu’à l’extrême.
Le larron repentant discerne le Royaume dans la faiblesse, l’autorité dans l’humilité, la vie dans la mort
Le larron repentant se fait le premier interprète de cette royauté paradoxale : reconnaissant en Jésus un Roi au moment même où toute apparence royale semble bafouée et anéantie, il professe une foi qui discerne le Royaume dans la vulnérabilité. Sa parole constitue le sommet théologique du passage : « Souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume. » Il reconnaît en Jésus un Roi précisément au moment où tout signe extérieur de royauté semble aboli. Sa profession de foi est un acte herméneutique audacieux : il discerne le Royaume dans la faiblesse, l’autorité dans l’humilité, la vie dans la mort. La réponse du Christ : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » montre que le royaume messianique n’est pas d’abord un espace, mais une communion profonde fondée sur la présence du Seigneur. La croix n’est pas la preuve d’un échec. Elle est le trône où Dieu révèle désormais la profondeur de son amour inconditionnel.
Comme le larron, n’oublions pas de lui dire : Souviens-toi de moi, souviens-toi de tous ceux qui te cherchent, souviens-toi des malades, souviens-toi de tes enfants…
Cette fête nous invite donc à un discernement intérieur : qui règne en nous et sur nous ? Si le Christ est réellement notre Roi, alors sa manière de régner — par la miséricorde, la vérité et le service — doit devenir le principe structurant de notre existence. Amen.
Bon dimanche et belle fête du Christ Roi de l’Univers.
fête du Christ Roi de l’Univers
Lectures bibliques :
2 Samuel 5, 1-3; Psaume 121; Colossiens 1, 12-20; Luc 23,35-43
https://www.cath.ch/homelie-du-23-novembre-2025-lc-23-35-43/