Fribourg: Noël Ruffieux est décédé

«C’est avec tristesse mais dans l’espoir de la résurrection que nous avons appris le décès de Noël Ruffieux, le 20 novembre», a annoncé la paroisse orthodoxe francohone de Genève Sainte-Trinité – Sainte-Catherine le 21 novembre 2025.

Décédé dans sa 89e année, le Fribourgeois Noël Ruffieux était engagé depuis des décennies dans le dialogue pour l’unité des chrétiens. Il a cofondé dans cet esprit la première paroisse orthodoxe de Fribourg en 1982 avec des frères et sœurs orthodoxes venus d’une dizaine de juridictions.

Noël Ruffieux a été responsable de la paroisse orthodoxe de Fribourg en tant que responsable laïc jusqu’en 2003. Pendant vingt ans, il a présidé la Commission œcuménique de Fribourg et environs. De 2004 à 2019, il a donné un cours sur la diaspora orthodoxe à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg. Il écrit pour plusieurs revues chrétiennes et a réalisé des émissions religieuses pour Radio Fribourg. Il a aussi animé des groupes bibliques et collaboré avec la paroisse catholique fribourgeoise de Barberêche-Courtepin.

Passé à l’orthodoxie

Catholique de naissance, Noël Ruffieux était devenu orthodoxe. Une confession qu’il avait choisi de rejoindre en 1981, après un long cheminement intellectuel et spirituel. Le Fribourgeois ne se considérait pas pourtant pas comme un «converti». Pour lui, il ne s’est agi que d’opter pour une autre branche du tronc commun de la chrétienté. Un choix auquel ni Monique, son épouse, ni leurs enfants n’ont fait obstacle. Le couple était en fait depuis longtemps proche de la spiritualité orthodoxe. Mais seul Noël a franchi le pas. Des questionnements théologiques et un besoin de vivre sa foi en communauté ont été les principaux facteurs de cette décision.

Monique et Noël Ruffieux avec une icône orthodoxe de la Nativité, en 2019 | © Raphaël Zbinden

Déjà au niveau de la théologie du mariage, les Ruffieux ne trouvaient pas leur compte dans le catholicisme. Alors qu’ils se sont pris de passions pour les profonds et nombreux textes orthodoxes sur le sujet. Noël a également toujours été ébloui par la richesse liturgique orthodoxe. «Certains peuvent être attirés par l’austérité. J’ai, pour ma part, davantage besoin d’une certaine splendeur pour vivre ma foi au mieux. Je pense que la beauté est un révélateur de Dieu».

Colmater les brèches dans l’Eglise du Christ

Le Fribourgeois était l’auteur, entre autres, de Réparer la maison de Dieu – Pour la communion dans l’Eglise, (Ed Médiaspaul). Face aux scandales des abus, aux dérives du pouvoir, aux scissions doctrinales ou aux ruptures de communion, Noël Ruffieux a voulu apporter sa modeste contribution pour colmater les brèches dans l’Eglise du Christ, pour que l’indignation ne soit pas infructueuse. Mais pour lui, cela ne suffisait pas: «il faut également se réparer soi-même!»

Dans son ouvrage, Noël Ruffieux plaidait pour dépasser les infidélités et les divisions des Eglises et pour redynamiser ce qui faisait le ciment de l’Eglise du Christ, la communion, «seule capable d’en faire une Fraternité en Christ». «Les Eglises, toutes confessions confondues, ont vraiment besoin d’un ministère d’indignation et d’objection, lance Noël Ruffieux, mais «l’indignation ne suffit pas, il faut reconstruire!»

Co-auteur, avec Claude Ducarroz, Shafique Keshavjee, de Pour que plus rien ne nous sépare (Ed. Cabédita), il prônait un dialogue oecuménique. « Entre catholiques et orthodoxes, il y a eu des accords incontestables sur des questions éthiques. Il y a quelques années, le patriarcat de Moscou a même publié un document très intéressant au nom très romain: «Les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise». Mais qu’est-ce qui fonde ces accords? Une ecclésiologie. On ne peut régler un certain nombre de sujets sans revenir aux fondements doctrinaux », affirmait-il en 2017 à cath.ch.

Noël Ruffieux n’avait pas rejeté son Eglise d’origine. Avec son épouse, ils sont toujours allés ensemble soit aux messes à l’église catholique locale, soit aux célébrations dans les lieux de culte orthodoxes de la région. Il était resté également attaché à certains aspects de la liturgie catholique. Il n’était ainsi pas rare qu’avant de se coucher, il entonne un chant grégorien. (cath.ch/bh/arch)

L’office des funérailles aura lieu le mardi 25 novembre à 13.30, en l’église de Courtepin.

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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