Rome: Mgr Marinelli, co-auteur du livre à scandale contre le Vatican,
Procès boiteux, estime-t-il
Rome, 15 juillet 1999 (APIC) Mgr Luigi Marinelli, auteur principal du livre-scandale « Autant en emporte le vent du Vatican », publié en février 1999 en Italie, ne se présentera pas devant le Tribunal ecclésiastique de la Rote romaine. Le prélat, un ancien collaborateur de la Curie romaine, est en effet invité à comparaître vendredi 16 juillet en audience préliminaire devant la Rote pour répondre d’un plainte en diffamation à la suite de la publication de ce livre.
« Sur le conseil de mes avocats, il est préférable que je ne me présente pas à l’audience pour ne pas soulever d’inutiles nuages de poussière », a déclaré le prélat âgé de 72 ans, qui a travaillé pendant 35 ans à la Congrégation des Eglises Orientales.
« Autant en emporte le vent au Vatican » paru aux éditions Kaos a été publié sous un pseudonyme. Soupçonné en juin d’en être l’auteur, Mgr Marinelli avait été convoqué pour se présenter à l’audience préliminaire du Tribunal ecclésiastique de la Rote romaine. La Rote lui aurait en outre demandé de faire retirer son livre des librairies.
Le prélat a aujourd’hui estimé que le procès qui lui est intenté est « boiteux » parce qu’il n’a été précédé d’aucune médiation et que ses propres droits n’ont pas été garantis. « Dans ces conditions, conclut-il, mes avocats me conseillent de ne pas me présenter devant ce Tribunal ». Mgr Marinelli affirme enfin ne pas être en mesure de donner les noms des autres personnes ayant collaboré avec lui à la rédaction de ce livre paru sous le pseudonyme collectif de « I Millenari ». Selon lui, l’ouvrage a été réalisé « à distance » et les collaborateurs ne se connaissent pas entre eux.
D’après « Il Corriere della Sera », Mgr Marinelli risque d’être suspendu « a divinis », c’est-à-dire de ne plus pouvoir célébrer la messe ni de donner les sacrements. Dans un communiqué publié le 15 juillet, la salle de presse du Vatican précise par ailleurs que le Droit canon comprend un droit pénal pour les cas de « calomnie, diffamation, offenses graves à la dignité de la personne et à sa charge particulière ». La note vaticane ajoute qu’il s’agit de « protection des droits intangibles de la personne », et non pas de « sanctionner contre la liberté de pensée ». Toutes les garanties nécessaires sont prévues pour celui qui est soumis à l’enquête, peut-on encore lire dans ce communiqué.
Lourdes accusations
L’ouvrage, au tirage resté confidentiel, se veut une dénonciation en 288 pages des affaires de carriérisme, d’homosexualité et d’intrigues supposées se dérouler au Vatican. Il qualifie entre autres de « carriéristes » plusieurs cardinaux de la Curie ainsi que l’archevêque substitut de la Secrétairerie d’Etat. « Tout est vrai malheureusement », affirme Mgr Marinelli, cité par « Il Corriere della Sera » du 28 juin, qui précisait même que des faits plus graves ont été omis.
Selon Marinelli, c’est « un groupe de religieux » qui a composé l’ouvrage. « Je n’en suis que le porte-parole, devait-il souligner avant de préciser qu’il n’entendait pas devenir un « bouc émissaire ». Le livre, précisait-il alors, a pris naissance lorsqu’un éditeur italien, Lorenzo Ruggero, s’est montré prêt à publier ce qui n’était au départ que des conversations spontanées. « De mon côté, affirme Mgr Marinelli, j’ai raconté les injustices subies en 35 ans ».
Le prélat critique également les méthodes actuelles de choix des évêques, dénonce l’infiltration de la franc-maçonnerie dans l’Eglise, et pose le problème de la nécessité de syndicaliser les employés du Saint-Siège, estimant qu’il faut « une organisation qui les défende ». Avec une telle organisation, « un garde suisse comme Cédric Tornay aurait eu quelqu’un avec qui parler et n’aurait pas fait ce qu’il a fait ». Le prélat en cause, aujourd’hui à la retraite, s’est vu interdire par la Rota de distribuer son livre et de le faire traduite dans d’autres langues. (apic/imed/pr)
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