C’est en présence de nombreux évêques français et allemands, de prêtres, de religieux et religieuses et de fidèles, dont 1500 membres des familles des martyrs, que le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, a présidé cette cérémonie de béatification collective, la plus importante jamais organisée en France.
Au début de la célébration, la lettre apostolique du pape Léon XIV officialisant la proclamation des bienheureux a été lue. Leur mémoire liturgique est désormais fixée au 5 mai. Puis l’image officielle des cinquante martyrs a été dévoilée.
Ces prêtres, séminaristes, scouts ou fidèles laïcs – pour beaucoup issus de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) – œuvrèrent au sein de la «Mission Saint-Paul». Cette aumônerie ›clandestine’ avait été mise sur pied en 1943 par l’abbé Jean Rodhain, futur fondateur du Secours catholique, et par l’archevêque de Paris Emmanuel Suhard. Elle était active auprès des jeunes ouvriers français déportés en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO).

Les 50 nouveaux béatifiés «avaient pour la plupart entre 20 et 35 ans», a rappelé le cardinal Jean-Claude Hollerich dans son homélie. «Ils comprirent, avec tant d’autres apôtres anonymes, la détresse spirituelle, la détresse morale d’un million cinq-cent-mille jeunes ouvriers français déportés en Allemagne, désormais sans repère religieux, puisque les prêtres allemands avaient l’interdiction d’exercer leur ministère en leur faveur.»
Une mission à haut risque. En décembre 1943, une ordonnance du chef de la Gestapo, Ernst Kaltenbrunner, conduisit à l’arrestation, et parfois à l’envoi en camp de concentration, de certains membres actifs de la Mission. Déportés à Buchenwald, Mauthausen, Dachau ou Neuengamme, ils sont morts entre 1944 et 1945 «en haine de la foi».
Le cardinal jésuite a ensuite invité chacun à œuvrer à la paix et à la réconciliation, à la suite du Christ et à l’exemple de ces 50 jeunes animés par leur foi. Il a évoqué les nombreux autres chrétiens qui, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, ont consacré leur vie à cet objectif et « au service du bien commun», comme Robert Schuman, Alcide De Gasperi ou Konrad Adenauer. Il a appelé en particulier les jeunes à voir dans ces nouveaux bienheureux non seulement des figures du passé, mais des intercesseurs et des modèles pour l’Église d’aujourd’hui, appelée à servir sans crainte.
D’autres martyrs de la Guerre d’Espagne, 124 au total, ont également étaient béatifiés en Espagne, à Jaen, le 13 décembre 2025, lors d’une messe présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints.
Les béatifications de martyrs de la Guerre d’Espagne ont été très nombreuses ces dernières années, rappelle l’agence IMEDIA, « chaque diocèse concerné cherchant à faire mémoire des clercs, religieux et laïcs massacrés durant cette guerre civile qui a décimé l’Église catholique dans certaines régions du pays ». (cath.ch/com/lb)
Lucienne Bittar
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