Une attitude comparée au « oui » aux Nazis des évêques autrichiens
Bonn/Vienne, 30 juillet 1999 (APIC) Les dérapages verbaux de Mgr Andreas Laun, évêque auxiliaire de Salzbourg, font des vagues, les évêques allemands s’estimant « diffamés ». L’évêque autrichien, militant « pro life » engagé, a reproché à ses confrères allemands de s’être comportés dans l’affaire des centres de consultation pour femmes désireuses d’interrompre une grossesse, comme les évêques autrichiens approuvant en 1938 l’Anschluss à l’Allemagne nazie.
Ruldolf Hammerschmidt, porte-parole de la Conférence des évêques allemands à Bonn, a qualifié les paroles de l’évêque auxiliaire autrichien de « pure polémique ». Il a toutefois relevé que la comparaison utilisée par Mgr Laun pour critiquer la position des évêques allemands sur leur maintien dans le système étatique des centre de consultation avait « bel et bien un caractère diffamatoire » à l’encontre du Conseil permanent de l’épiscopat allemand.
La Conférence épiscopale autrichienne gênée: une affaire strictement privée de Mgr Laun
R. Hammerschmidt relève que les évêques autrichiens, saluant en 1938 l’annexion de leur pays par les nazis, s’étaient prononcés sur une question politique pour laquelle ils manquaient de compétence. Par contre, les évêques allemands ont pris actuellement une décision à l’unanimité sur une question pastorale qui touche le domaine de la doctrine, et ils ont fait preuve à cette occasion « d’une haute compétence théologique ».
Gêné aux entournures, un porte-parole de la Conférence des évêques d’Autriche a laissé entendre au sujet des déclarations de Mgr Laun, qu’ »il s’agit exclusivement d’une prise de position de l’évêque auxiliaire de Salzbourg ». Elle relève de son unique responsabilité, a-t-il tenu à préciser. L’engagement de Mgr Laun dans la lutte pour la défense de la vie est une affaire privée, qu’il assume notamment comme coéditeur du mensuel « Kirche heute ».
Contraindre les évêques allemands à obéir au pape
La controverse a éclaté suite à un article de Mgr Laun publié récemment dans les colonnes de « Kirche heute », paraissant dans la localité bavaroise d’Altötting. L’évêque auxiliaire de Salzbourg y suggère au pape Jean Paul II d’écrire encore une fois aux évêques allemands et de les contraindre à obéir. Ce serait à ses yeux « une démarche pénible, mais devant Dieu, ce serait un exploit et une consolation pour les croyants ».
Militant « pro life » engagé bien avant sa nomination comme évêque auxiliaire en 1995, à l’âge de 52 ans, Mgr Laun affirme que si l’Eglise allemande voulait vraiment obéir à la décision du pape Jean Paul II, les centres de consultation pour femmes enceintes en difficultés devraient immédiatement cesser d’émettre des certificats. Ces derniers sont exigés par la législation allemande pour autoriser une interruption de grossesse dépénalisée. Les évêques allemands, sur l’injonction du pape, ont demandé aux centres catholiques d’émettre des certificats qui précisent qu’ils ne peuvent en aucun cas être utilisés pour faire un avortement.
Mgr Laun est un religieux, membre de la congrégation des oblats de St-François de Sales. Spécialiste de théologique morale, il estime qu’il y a contradiction entre la position de Mgr Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande, et Jean Paul II. S’il reconnaît que tous deux sont unis sur le plan moral, il estime que ce n’est pas le cas au niveau du droit et de l’assistance à l’avortement. « On se réclame de la fidélité, mais on fait et on veut exactement ce que le pape refuse », écrit le bouillant évêque. Il en résulte « l’impression fatale » qu’on n’est pas en union avec le pape, poursuit-il dans son réquisitoire.
Piqués au vif par les attaques de Mgr Laun, les évêques allemands n’ont pas tardé à répliquer. La Conférence épiscopale allemande n’a pas besoin des leçons « d’un petit inquisiteur autrichien », s’est contenté de répondre Rudolf Hammerschmidt, porte-parole de ladite Conférence à Bonn. (apic/kap/kna/be)
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