Une ville entrée pour toujours dans l’histoire de l’Europe »
De notre envoyée spéciale, Caroline Boüan
Pologne, 6 juin 1999 (APIC) Arrivé à Gdansk samedi à midi, Jean Paul II a été accueilli sous le soleil à l’aéroport par le président de la République polonaise, Aleksander Kwasniewski, par le primat de Pologne, le cardinal Jozef Glemp, et par les évêques du diocèse de Gdansk. Première étape de son 8e voyage dans sa terre natale, le pape a souligné d’emblée les mérites Gdansk, la ville qui a vu naître, à une époque charnière de l’histoire polonaise, le syndicat « Solidarnosc ».
Le pape s’est dit heureux de commencer son huitième voyage en Pologne – ou septième si l’on considère que ses deux séjours de 1991 constituaient un seul voyage – par une ville qui « est entrée pour toujours dans l’histoire de la Pologne, de l’Europe, et peut-être même du monde « .
De son côté le président Kwasniewski a remercié Jean Paul II pour sa visite – la plus longue de toutes – à son pays natal. Tous les Polonais sont fiers de leur compatriote pour son engagement en faveur des renouveaux de la société en Pologne et en Europe. « Sans cet engagement le changement de notre société ne serait pas arrivé. Maintenant nous devons aller de l’avant et démolir les murs invisibles dans les cœurs », comme le pape l’avait demandé lors de sa dernière visite. « L’attention aux droits de l’homme et à la tolérance sont nécessaires chez nous comme l’attention aux hommes tout court qui suivent diverses cultures et religions ». Le président Aleksander Kwasniewski a encore ajouté: « Il faut mettre en valeur les dernières conquêtes de la Pologne durant ces dernières années: La conclusion d’un concordat avec le Vatican, l’entrée à l’OTAN et les négociations en vue d’une adhésion à l’Union européenne. Le pays a engagé de nombreuses réformes, mais le chemin à parcourir est encore long . Gdansk est une ville-symbole. C’est ici que le vrai changement a commencé ».
Célèbre en effet pour les protestations et les grèves des ouvriers des chantiers navals dans les années 70 et 80, qui aboutirent en août 1980 à la formation du premier syndicat libre d’un pays communiste, « Solidarnosc ».
Développement matériel de concert avec le développement spirituel
Jean Paul II a évoqué également les grands progrès effectués par la Pologne dans le domaine économique, en souhaitant que le développement matériel du pays s’accompagne d’un » développement spirituel « . » Je veux méditer avec mes compatriotes le grand mystère de l’amour de Dieu « , a-t-il lancé avant de monter dans la papamobile pour parcourir une quinzaine de kilomètres, salué par des Polonais enthousiastes, à travers la forêt d’abord, puis le long de maisons décorées aux couleurs du Vatican.
Le pape a ensuite rejoint l’archevêché de Gdansk, pour y déjeuner avec les évêques de la région. Dans l’après-midi, il a célébré une messe à Sopot, petite ville située au bord de la mer Baltique, à une douzaine de kilomètres au nord-ouest de Gdansk, en l’honneur du millénaire de la canonisation de saint Adalbert, patron du diocèse.
Saint Adalbert est mort martyr à Gdansk en 997, alors qu’il évangélisait une Pologne christianisée depuis une trentaine d’années: Canonisé deux ans après, saint Adalbert représente pour Jean Paul II » la base de l’Eglise polonaise et de ce fait, en un certain sens aussi, les prémisses de l’Etat polonais ».
Hommage du pape à « Solidarnosc »
Lors de son homélie, le pape a rendu hommage au syndicat polonais ’Solidarnosc’: Gdansk est pour le pape la ville d’où est née une Pologne nouvelle , celle de l’ère post-communiste, une Pologne « dont nous sommes fiers », a-t-il souligné. Une ville qui s’est acquise ces dernières années le respect des autres nations. C’est là que s’est fait entendre de manière particulière, a expliqué Jean Paul II, la voix des consciences qui invoque le respect de la dignité de l’homme, spécialement celle du travailleur, pour réclamer » la liberté, la justice et la solidarité entre les hommes « .
« Solidarsnosc » a ouvert les portes à la liberté dans les pays rendus esclaves par le système totalitaire, a abattu le mur de Berlin, et a contribué à l’unité de l’Europe divisée depuis la seconde guerre mondiale ». Nous ne devons jamais effacer cela de notre mémoire », a insisté le pape, pour qui la naissance du syndicat en 1980 marqua un « tournant » dans l’histoire de la Pologne et de l’Europe.
S’adressant à quelque 500’000 personnes rassemblées sur l’hippodrome de Sopot, Jean Paul II a évoqué sa précédente visite à Gdansk, en juin 1987, lorsqu’il avait clairement apporté son soutien au syndicat. « Il ne peut pas y avoir de meilleur programme de lutte que celui de la solidarité » avait alors lancé le pape. « Il n’y a pas de solidarité sans amour », s’est-il exclamé cette fois, en ajoutant qu’il n’est pas possible de construire l’avenir sans se référer à la source de l’amour qui est Dieu ».
Lech Walesa, ancien chef de l’Etat polonais, élu en décembre 1990, et ancien leader de Solidarnosc, a assisté à la messe du pape. Il est ensuite venu saluer Jean Paul II avec sa famille au cours de la soirée. (apic/imed/ba)
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