L’humanité de Dieu

Dimanche dernier, je me suis émerveillé devant la crèche de l’église de Grolley. Installée sur plusieurs niveaux, elle rassemble une multitude de personnages: des bergers, des paysans, des servantes, des gens simples. Au centre, Marie et Joseph. Autour d’eux, de magnifiques moutons, un âne et un bœuf plus vrais que nature. En contrebas, les Rois mages s’apprêtent à rejoindre l’enfant qui sera déposé dans la nuit de Noël.

Toute une diversité de vies et de visages, dans lesquels le Christ a voulu s’incarner. La générosité de Dieu est toujours surprenante: il a assumé notre condition humaine dans toutes ses expressions.

Cette crèche m’a rappelé la tradition des santons de Provence, avec leurs personnages hauts en couleur: la poissonnière, le gendarme, le meunier, le bohémien, les amoureux… Elle m’a aussi fait penser à cette phrase d’un ami prêtre, entendue il y a plus de trente-cinq ans: «Tout ce qui est vraiment humain est divin.»
C’est sans doute pour cela que la beauté d’une musique ou d’une peinture nous touche si profondément. Noël nous le rappelle: cette fête est à la fois pleinement divine et pleinement humaine. Elle célèbre l’avènement de l’Emmanuel, Dieu parmi nous. De là naît une joie profonde, qui illumine le regard des enfants.

J’y pense souvent lorsque je visite des personnes âgées en EMS. En les écoutant, je suis frappé par la richesse et la diversité de leurs parcours: mariages et divorces, naissances, métiers, joies des rencontres, mais aussi blessures, absences, relations difficiles. À cela s’ajoutent les limites physiques qui ont conduit à l’entrée en institution.
Et pourtant, chaque samedi, cette mosaïque humaine se retrouve pour la messe dans la salle d’animation. Une communauté priante, aimant chanter, dont la vitalité surprend souvent les visiteurs.

« Noël nous le rappelle: cette fête est à la fois pleinement divine et pleinement humaine. »

Comme chrétiens, nous peinons parfois à mesurer l’ampleur de l’humanité de Dieu. C’est pourtant elle qui est au cœur de la joie de l’Évangile, comme le rappelait le pape François. Pour y entrer, il faut commencer par s’émerveiller. Devant la crèche, par exemple. L’abbé Zundel disait que l’émerveillement est le commencement de la foi. Garder des yeux d’enfant, capables d’être touchés au cœur par ce bébé déposé dans la paille.

Le peuple perçoit instinctivement l’importance de cet humanisme, reflet de Dieu. Il souffre lorsque celui-ci est oublié, notamment quand il s’agit de prendre soin de la vie de l’autre, et plus encore de celle des enfants. À Fribourg, l’indignation a été forte lorsque le Conseil d’État a d’abord refusé d’accueillir un enfant blessé à Gaza. La mobilisation citoyenne a conduit à un changement de décision.
C’est aussi cela, le message de Noël: ne jamais cesser de s’émerveiller de ce Dieu qui a choisi de devenir enfant, de grandir parmi nous et de nous accompagner dans l’extraordinaire diversité de nos vies.

Joyeux Noël, chères lectrices et chers lecteurs, et tous mes vœux pour la nouvelle année.

Jean-Jacques Friboulet

20 décembre 2025

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/blogsf/lhumanite-de-dieu/