L’archevêque de Conakry quitte sa résidence pour «raisons de sécurité»

Le déplacement le 24 décembre, veille de Noël, «pour des raisons de sécurité», de l’archevêque de Conakry, Mgr Vincent Coulibaly, qui a dû quitter sa résidence officielle de Stella Maris, dans le quartier de la Minière,  suscite la controverse dans la capitale guinéenne. L’archevêque a été transféré sans vraiment d’explication d’une zone résidentielle au nord de la capitale pour «une autre résidence provisoire» non précisée, mise à sa disposition par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme».

Ibrahima Cissé, pour cath.ch

La Guinée traverse une phase de profonde instabilité politique et sécuritaire à la suite d’une tentative de coup d’État qui aurait été signalée àquelques heures de l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, censée clore la transition militaire ouverte par le coup d’État de septembre 2021 ayant renversé le régime civil du président Alpha Condé.

Aucune autre précision n’est donnée sur la nature exacte des risques sécuritaires évoqués, ni sur la durée du séjour de Mgr Vincent Coulibaly dans cette résidence provisoire. Mais ces «mesures de sécurité» seraient liées à la proximité de la nouvelle résidence présidentielle, récemment achevée dans le même quartier.  Plusieurs voisins de la résidence présidentielle affirment avoir reçu des injonctions similaires, évoquant des pressions indirectes et des justifications sécuritaires floues. Le quartier de la Minière, autrefois paisible, devient une zone à accès restreint, quadrillée par des dispositifs de surveillance sophistiqués.

Relation «délicate» entre Église catholique et autorités publiques

Derrière l’appel à la prière et à la paix, signé par Mgr François Sylla, archevêque coadjuteur, les observateurs mentionnent la relation délicate existant entre l’Église catholique et les autorités publiques.

Mgr Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry, en Guinée | www.archidioceseconakry.fr

«Nous remercions les autorités étatiques pour les dispositions qu’elles sont en train de prendre pour que les droits de l’archevêque à une résidence digne de ce nom soient respectés», déclaré Mgr François Sylla. Et de poursuivre: « (…) Soyons donc sans craintes, et apportons le message de paix, de consolation, d’unité que l’on peut témoigner par notre agir quotidien dans la promotion du bien commun».

Un déménagement forcé ?

Malgré ces assurances officielles, les Guinéens sont dans le doute, à travers les réseaux sociaux et la presse, voyant plutôt «un déménagement forcé» du chef de l’Eglise catholique de leur pays.

Selon le journal en ligne «Kouma média», le chef de l’Etat, le général Mamadi Doumbouya, redessinerait «la sécurité du quartier» où il est installé. Ceci, à quelques jours de l’élection présidentielle de ce dimanche 28 décembre, qui marque la fin d’une transition militaire, depuis le coup d’Etat de septembre 2021, qui l’a porté au pouvoir.  «Le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte et candidat à sa propre succession, semble avoir fait de la sécurité une obsession politique, au point de redessiner les contours résidentiels de Conakry — quitte à bousculer les équilibres civils et religieux», écrit le média citoyen. (cath.ch/ibc/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/larcheveque-de-conakry-quitte-sa-residence-pour-raisons-de-securite/