Cette augmentation de contribuables se traduit par une hausse économique notable: le montant perçu s’élève à 429’335’080 euros, soit 46,9 millions de plus qu’en 2023, ce qui représente une croissance de 12 %.
La Conférence épiscopale insiste sur le fait que le nombre réel de contribuables favorables dépasse les neuf millions, si l’on tient également compte des déclarations communes, une formule courante chez les couples et les familles.
Le poids relatif des personnes qui affectent 0,7 % de leur impôt à l’Église passe de 30,43 % en 2023 à 30,08 % en 2024, soit une baisse de 0,34 point, malgré l’augmentation du nombre absolu de déclarations. Ce changement s’explique par l’augmentation du nombre de contribuables qui ne cochent aucune case, qui progresse de 1,09 % et atteint désormais près de 40 % du total. La case destinée aux fins sociales recule également de 1,04 %, ce qui témoigne d’un changement de tendance dans le comportement fiscal des citoyens.
L’augmentation des recettes coïncide avec un contexte social qui tend vers une Espagne de plus en plus sécularisée, en particulier chez les jeunes. Les données du Centre de recherches sociologique CIS d’avril dernier indiquaient que moins de la moitié de la population s’identifie comme catholique. La baisse est constante: il y a quatre décennies, 90,2 % se déclaraient croyants ; il y a dix ans, 68,8 % ; aujourd’hui, 55,4 %, et seuls 18,8 % assistent fréquemment à des offices religieux. Chez les moins de 24 ans, cette proportion tombe à près d’un tiers.
La perception publique du système de financement ne suit pas non plus la reprise économique. Le Baromètre sur la religion et les croyances élaboré par la Fondation Pluralisme et Coexistence, dépendant du ministère de la Présidence, a révélé en novembre dernier que 54 % des personnes interrogées se déclarent opposées à la case «Église» dans la déclaration d’impôt sur le revenu, et que seulement 47 % des catholiques la soutiennent.
Parmi les personnes qui professent cette religion, 34 % défendent l’autofinancement des confessions, 6 % rejettent la case mais soutiendraient d’autres formules de soutien de l’État, et 5 % l’accepteraient uniquement si elle pouvait être étendue à d’autres religions.
Le débat sur le modèle reste ouvert, en particulier après les engagements en matière de transparence et de modernisation que le gouvernement exige depuis des années.

L’augmentation des ressources que va recevoir l’Église reflète une capacité de mobilisation encore forte parmi une partie de la population, cependant que les indicateurs sociaux dessinent une Espagne davantage pluraliste et moins confessionnelle. Cette augmentation des recettes coïncide cependant avec l’un des dossiers les plus délicats auxquels est confrontée depuis quelque temps l’Église espagnole: la crise des abus sexuels et les difficultés rencontrées par l’Eglise pour indemniser les victimes d’abus. (cath.ch/cee/com/be)
Jacques Berset
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