Etats-Unis: Amnesty International dénonce la ceinture électrifiée télécommandée
Londres/Lausanne, le 8 juin 1999 (APIC) La ceinture électrifiée télécommandée, dite ceinture incapacitante, est une méthode cruelle, utilisée massivement dans les prisons américaines, dénonce Amnesty International (AI) dans son dernier rapport. Selon l’organisation humanitaire, le recours à cette ceinture est fréquent et souvent abusif aux Etats-Unis.
L’utilisation croissante de ces armes électrifiées ultramodernes aux Etats-Unis fait dangereusement disparaître la frontière entre un acte de torture et une méthode légitime de contrôle des prisonniers, relève AI, par ailleurs engagée dans une procédure juridique avec le gouvernement fédéral des Etats-Unis pour faire interdire le port des ceintures incapacitantes.
Cette arme a provoqué l’indignation de l’opinion internationale en 1998, lorsque Ronnie Hawkins, jugé lors d’un procès public devant un tribunal californien, a reçu des électrochocs devant l’assistance pour avoir osé interrompre le juge à plusieurs reprises. Un tribunal fédéral a interdit le port de cette ceinture dans le comté de Los Angeles après que cet homme eut intenté une action en justice. L’appel interjeté par les autorités du comté devrait être examiné à la fin du mois.
50’000 volts pendant huit seconde
Le rapport dAI dénombre plus de 130 juridictions qui auraient actuellement recours à la ceinture électrifiée, dispositif télécommandé qui peut envoyer une décharge de 50’000 volts pendant une durée de huit secondes. Il est surtout utilisé pour contrôler des détenus jugés « à risque » pendant leur procès ou leur transport au tribunal. Les partisans de la ceinture, et parmi eux les autorités fédérales, prétendent qu’elle n’est utilisée que sur les détenus les plus dangereux, et qu’elle constitue un moyen efficace de prévention des tentatives d’évasion et des actes de violence.
La ceinture incapacitante est une arme électrifiée parmi d’autres dans le vaste arsenal mis à la disposition de la police et du personnel pénitentiaire à travers tout le territoire américain. Il existe aussi des pistolets incapacitants à aiguillons, des pistolets incapacitants à fléchettes ainsi que des boucliers électrifiés.
Pour Amnesty International, qui rappelle qu’en cette fin de 20e siècle, l’électricité est l’une des méthodes de prédilection des tortionnaires, le recours à toute une gamme d’armes envoyant des décharges électriques repousse les limites de la cruauté et génère des cas de torture et de mauvais traitements décrits dans le dernier rapport de l’Organisation.
De nombreux éléments d’information recueillis par Amnesty International indiquent que l’utilisation de la ceinture incapacitante n’est pas réservée aux seuls détenus dangereux et que son usage se banalise dans certaines juridictions. AI cite des exemples où ce dispositif a été utilisé pendant le transport à l’hôpital de prisonniers présentant un risque faible ou modéré pour la sécurité, qui étaient détenus dans un quartier spécial d’une prison de la Nouvelle-Orléans.
Même des mineurs contraints de la porter
Même les enfants ne sont pas épargnés par cette méthode, ajoute l’Organisation internationale de défenses des droits, qui cite l’exemple récent de deux mineurs de dix-sept ans, contraints de porter la ceinture lors des premières audiences de la procédure judiciaire. La ceinture électrifiée télécommandée, même lorsqu’elle n’est pas actionnée, viole le droit international relatif aux droits humains, estime en conclusion AI. (apic/com/ab)
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