«Ces derniers jours, les contrôles d’immigration se sont intensifiés dans le diocèse de Columbus, ce qui a provoqué une augmentation de la peur et de l’anxiété au sein de nos communautés d’immigrés». C’est ainsi, rapporte Vatican News, que Mgr Earl Fernandes, l’évêque de Columbus, capitale de l’État de l’Ohio, explique dans son décret pourquoi il a décidé de dispenser de la participation aux célébrations de Noël tous ceux qui craignent d’être arrêtés. Cette décision a été prise après consultation de nombreux pasteurs dont les paroissiens sont les plus touchés par cette vague de contrôles sur les immigrants mise en place à l’occasion de Noël.
Dans le décret, l’évêque réaffirme que les fidèles chrétiens ont l’obligation d’assister à la messe le dimanche et les jours fériés de précepte, mais reconnaît que «la crainte liée à ces contrôles pourrait dissuader certains fidèles chrétiens de remplir leur obligation d’assister à la messe, ce qui serait préjudiciable à leur bien-être spirituel. L’évêque diocésain peut dispenser les fidèles des lois disciplinaires, tant universelles que particulières, lorsque cela contribue à leur bien-être spirituel (cf. canon 87 §1)».
Mgr Fernandes a donc décidé de dispenser de l’obligation d’assister à la messe «toutes les personnes qui craignent raisonnablement d’être détenues, même celles qui disposent de documents légaux en règle, qui craignent d’être séparées de leur famille, qui subissent des intimidations en raison de leur statut ou de leur origine ethnique». Cette dispense sera valable pendant toute la période de Noël, qui se termine par la fête du Baptême du Seigneur, le 11 janvier 2026, précise Mgr Earl Fernandes.
L’évêque encourage donc les fidèles chrétiens qui ne pourront pas assister aux célébrations à s’engager «dans des pratiques spirituelles pendant cette période, notamment en participant à des messes retransmises en direct, ou en faisant la communion spirituelle». Dans le même temps, il invite les pasteurs et tous les prêtres en service dans le diocèse de Columbus à se montrer généreux dans la prise en charge pastorale des fidèles qui ne peuvent assister à la messe et qui ont besoin de soins pastoraux et sacramentels.
Mgr Fernandes précise aux médias du Vatican que, bien qu’il n’ait pas voulu prendre cette décision, «la situation était devenue si terrible et les gens étaient si anxieux qu’il s’est senti obligé de le faire», surtout après avoir écouté les prêtres des paroisses hispanophones. «J’ai célébré la messe en espagnol dans une paroisse, suivie d’une Posada (procession traditionnelle et fête populaire latino-américaine qui précède Noël, ndlr), mais la foule était triste et les fidèles estimaient qu’il serait plus sûr de faire la procession et de chanter uniquement à l’intérieur du bâtiment».
Les fidèles des communautés immigrées ont exprimé leur gratitude pour cette décision, car, explique encore l’évêque, ils ont ressenti la proximité de l’Église, se sentant écoutés par les évêques et les prêtres. De nombreux autres fidèles ont exprimé leur solidarité envers les immigrés, heureux que l’Église ait pris position. «Jusqu’à présent, ajoute Mgr Fernandes, nous avons essayé d’exercer notre ministère dans l’ombre, afin de ne pas susciter d’actions plus provocatrices et agressives».
«Bien sûr, poursuit Mgr Fernandes,la polarisation qui afflige le pays a contaminé l’Église, à tel point que certains utilisent des arguments politiques pour exprimer leur indignation et insinuer que nous encourageons la transgression de la loi. Ce n’est pas le cas. Ce que nous demandons, c’est que les églises et les écoles ne soient pas prises pour cible, surtout pendant la période de Noël, et que les familles ne soient pas séparées. Je reconnais que les pays ont le droit à la sécurité et au contrôle de leurs frontières, mais j’ai fait appel à la conscience, dans l’esprit du Jubilé, afin que les familles puissent partager ensemble la paix de Noël». Beaucoup de ceux qui ont critiqué cette décision, précise l’évêque, n’étaient pas au courant de ce qui se passait et du nombre de personnes qui, en raison de leur race ou de leur origine ethnique, étaient identifiées.
«Je ne considère pas les forces de l’ordre comme mauvaises ou malveillantes, bien au contraire, je les félicite d’avoir éliminé ceux qui sont vraiment violents, les trafiquants de drogue ou même les trafiquants d’êtres humains. Nous voulons tous nous sentir en sécurité et protégés, mais cette sécurité et cette protection, pour certains, en particulier ceux qui sont loin de chez eux, se trouvent souvent dans nos églises et nos communautés scolaires», souligne-t-il. (cath.ch/vatnews/bh)
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