Mexico: L’ex-président Salinas commanditaire de l’assassinat du cardinal Posadas ?
Mexico, 15 juin 1999 (APIC) L’ex-président mexicain Carlos Salinas et son frère Raul sont accusés d’implication dans l’assassinat en 1994 du cardinal Juan Posadas Ocampo. La thèse d’une mort due à une confusion – le cardinal n’aurait pas été visé personnellement lors d’une fusillade entre bandes rivales de trafiquants de drogue – est soutenue par le Procureur général de la République. Un témoin affirme cependant que les frères Salinas de Gortari sont les artisans de ce meurtre qui continue de secouer le Mexique.
Selon le quotidien mexicain « El Universal » de mardi, un témoin, l’ex-militaire Marco Enrique Torres Garcia, a participé à l’attentat. Il a été interrogé à Chicago, aux Etats-Unis, par les membres de la Commission Interinstitutionnelle chargée d’éclaircir le cas, et par l’agent John J. Deleon, du FBI.
Un assassinat planifié par des fonctionnaires du gouvernement fédéral
Dans sa déclaration, Torres affirme que l’assassinat de l’archevêque de Guadalajara fut le résultat d’un plan orchestré par des fonctionnaires du gouvernement fédéral, qui avaient chargé Jorge Carrillo Olea, à l’époque gouverneur de l’Etat de Morelos, de récupérer des informations en possession du cardinal Posadas Ocampo. Ces informations compromettantes impliquaient Carlos et Raul Salinas dans des activités liées au narcotrafic et à la corruption.
Torres aurait reçu l’ordre de Carrillo Olea d’aller avec 11 autres militaires et ex-militaires récupérer ces données sensibles. Selon le plan initial, le cardinal aurait seulement dû être séquestré, mais Carlos Carrillo, un présumé neveu de l’ex-gouverneur, prit à ce moment là la décision d’abattre le prélat. Selon le témoin cité, l’ex-procureur Jorge Carpizo aurait reçu des instructions pour dévier l’enquête sur d’autres voies, tout en sachant que le cardinal avait bel et bien été visé.
L’hypothèse de la hiérarchie catholique confirmée
L’archevêché de Guadalajara affirme pour sa part que la déclaration du témoin Marco Enrique Torres confirme l’hypothèse de la hiérarchie catholique qui estime que la mort du cardinal Juan Jesus Posadas Ocampo est le résultat d’un complot. L’Eglise infirme la thèse d’un « feu croisé » entre bandes rivales de narcotrafiquants. Le Père Antonio Gutierrez, porte-parole de l’archevêché, a précisé que le successeur du cardinal assassiné, le cardinal Juan Sandoval Iniguez, connaissait la déclaration de Torres Garcia et savait que Juan Jesus Posadas Ocampo disposait d’informations « compromettantes » qui impliquaient la famille Salinas de Gortari dans le trafic de drogues.
Par la même occasion, l’évêque de Tapachula, Mgr Felipe Arizmendi Esquivel, a averti que s’il s’avérait des fonctionnaires du gouvernement fédéral étaient impliqués dans l’homicide, la situation deviendrait « très dangereuse ». De son côté, la Conférence épiscopale mexicaine (CEM) a exprimé sa solidarité avec le cardinal Juan Sandoval Iniguez, menacé d’être accusé de diffamation par l’ex-procureur Jorge Carpizo. (apic/universal/excelsior/be)
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