Afrique du Sud: Châtiments corporels à l’école: une organisation évangélique le demande
East London, 21 juin 1999 (APIC) Une organisation évangélique à la tête de plusieurs écoles réclame la possibilité de rétablir les châtiments corporels. Elle s’est adressée la semaine dernière à une Haute Cour de justice pour demander le droit de frapper les enfants dans ses écoles privées. L’organisation « Christian Education South Africa » (CESA), qui représente 200 écoles et 14’500 élèves à travers le pays évoque la Bible, qui, selon elle, justifie dans certains passages les châtiments corporels.
La CESA conteste la clause 10 de la loi sur l’enseignement adoptée par le gouvernement de Nelson Mandela en 1997, qui interdit le châtiment corporel en Afrique du Sud. Un héritage pas si lointain venu en droite ligne d’Angleterre.
En présentant la demande au juge Hennie Liebenberg dans la ville de Port Elizabeth, le directeur de cette association, et de l’école locale de la CESA, Ian Vermooten, a déclaré que la question des châtiments corporels devrait être considérée à la lumière de son contexte biblique.
La CESA et ses écoles prônent le principe de la « correction appliquée selon les lignes de la Bible ». La CESA et ses écoles se disent certes opposés « aux excès commis contre les enfants sous toutes leurs formes » mais elles estiment que les châtiments corporels, tout en étant une forme de punition, comportent aussi un élément correcteur et donc un « élément vital de la religion chrétienne ».
Pour la CESA, la clause 10 de la loi sur l’enseignement constitue une « ingérence intolérable dans les libertés culturelles et religieuses des écoles membres de la CESA, des autorités, des membres du personnel et des parents d’élèves ». Ian Vermooten a demandé à la Cour de déclarer la législation anticonstitutionnelle car elle porte atteinte au droit des parents d’élever leurs enfants et de leur inculquer la discipline.
Les parents qui inscrivent leurs enfants dans les écoles de la CESA doivent d’abord signer un formulaire autorisant « la punition corporelle » comme « inséparable de notre conception de la foi chrétienne, et comme une expression de notre religion ». La CESA, dont les origines sont américaines, entend promouvoir – y compris à la force des poignets – ce qu’elle appelle « l’éducation chrétienne évangélique ».
Les cannes et les courroies d’abord…
Devant la Cour, Ian Vermooten a cité plusieurs versets de la Bible, notamment le livre des Proverbes 23:13 et 14: « N’écarte pas des jeunes le châtiment! Si tu les frappes du bâton, ils n’en mourront pas! Bien plutôt, en les frappant du bâton, tu les sauveras du Séjour des morts. »
Dans sa déclaration présentée à la Cour, la CESA explique son approche de la Bible et précise les châtiments possibles et la manière de les appliquer: « les cannes, les courroies, et les règles peuvent être employées pour « corriger » les mauvais élèves »; « le directeur ou un membre désigné du personnel peut accomplir la punition, mais les parents peuvent aussi choisir de se rendre à l’école et d’infliger la punition eux-mêmes »; « un maximum de cinq coups est autorisé »; « les enfants doivent se pencher, les pieds écartés. Ils doivent poser les mains sur le bureau. Il faut qu’ils soient immobiles car il ne s’agit pas de les blesser. Faire respecter la discipline est une chose, faire du mal en est une autre »; « celui qui inflige la punition ne peut pas retenir physiquement l’enfant. Si un élève refuse la punition, ses parents sont convoqués. S’il refuse encore, il sera suspendu »; « après le châtiment, la personne qui l’a infligé devra « aimer l’enfant, lui sourire et lui dire qu’elle l’aime », prier avec l’enfant, après quoi les hommes devront serrer les garçons dans leurs bras et les femmes serrer les filles dans leurs bras ».
Atteinte à la dignité
Parallèlement à cette action en justice, la CESA s’est attaquée au ministère de l’Education. Les conseillers juridiques de ce ministère ont répondu dans un premier temps que la loi avait fixé « des objectifs et des idéaux pour une éducation dans le cadre d’une société fondée sur la liberté et l’égalité ».
Pour ce même ministère, les pays qui reconnaissent les droits de la personne ont déjà interdit les punitions corporelles, ou ont déjà fait des démarches en ce sens. « C’est dégradant, c’est une atteinte à la dignité humaine et, sous tous les formes, une agression contre le corps et par là contre l’intégrité psychologique et physique de la personne qui est punie. » L’affaire n’est pas close et les débats se poursuivent. (apic/eni/pr)
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