« Eglise A Venir » a cependant du plomb dans l’aile
Des voix inquiètes réclament un moratoire, d’autres son refus
Lausanne, 3 mai 1999 (APIC) Le projet de révision de la loi ecclésiastique vaudoise a passé devant les délégués au Synode de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) en 2e et 3e lectures. A part des modifications de détail, rien n’a été changé quant au fond. Le projet de loi et l’exposé des motifs seront donc transmis au Conseil d’Etat, lequel en proposera l’adoption au Grand Conseil, probablement en septembre. Mais tandis qu’ »Eglise A Venir » va de l’avant, des voix s’élèvent pour réclamer un moratoire, voire le refus du projet.
Le Synode (législatif) de l’Eglise vaudoise a adopté en début de semaine le projet de loi dont il avait déjà débattu en première lecture fin avril, confirmant ainsi les grands principes d’ »Eglise A Venir » (EaV). Cette étape étant achevée, le dossier passe donc dans les mains des autorités cantonales, lesquelles devront se prononcer rapidement sur ce texte dont l’adoption est indispensable pour la refonte de l’Eglise. L’affaire n’est cependant pas encore dans le sac, car plusieurs voix inquiètes s’élèvent, les unes pour réclamer le refus du projet par le Grand Conseil, et les autres un moratoire sur le processus. La session du Synode prévue au mois de juin permettra cependant aux délégués d’exprimer encore leurs doutes et leurs questions.
Le vent de contestation vient principalement d’un groupe de personnalités, qui vient d’adresser une lettre aux députés par laquelle il leur demande de ne pas entrer en matière lorsqu’ils seront saisis du projet de loi ecclésiastique. Les signataires dénoncent le « schématisme » du projet EaV, lequel ne tiendrait pas compte de la géographie et de l’histoire des paroisses, et contestent la diminution des postes paroissiaux au profit d’une augmentation des « ministères spécialisés ». Le groupe, qui comprend notamment l’ancien conseiller fédéral Georges-André Chevallaz, le préfet de Grandson René Perdrix, l’ancien syndic d’Yverdon André Perret, l’ancien président du Grand Conseil Georges Burdet et le directeur du Cessnov François Bruant, reproche au projet de concentrer les pouvoirs sur les régions « au détriment des responsabilités spirituelles et financières des paroisses ».
Une pause dans le processus
La contestation ne s’arrête pas là. Une « pause dans le processus Eglise A Venir » et un « report de sa mise en oeuvre »: telles sont en effet les demandes formulées dans un « mémorandum » par le pasteur Etienne Roulet (Vufflens-la-Ville). L’auteur de ce « pavé dans la mare » n’est autre que l’ancien président du Synode qui a dirigé de main de maître les premiers débats concernant « Eglise A Venir ». Se déclarant « favorable aux grandes intentions du projet », il entend rester « engagé loyalement » dans divers groupes de travail, mais n’en exprime pas moins des réserves quant à la méthodologie. A ses yeux, celle-ci a produit « des intuitions successives, sans que les bases et les objectifs n’aient été fixés au préalable ». Et de comparer le processus à « un TGV lancé à 200 km/h, dont il faut en même temps poser les rails ».
A titre personnel, le Conseil synodal n’ayant pas encore pris position, son président, le pasteur Jean-Paul Perrin, dit ne pas être pas surpris par ces réactions: « On voit apparaître là l’inquiétude de personnes qui estiment que les choses se précipitent et ont l’impression qu’il faut tirer le frein de secours ». Le pasteur Perrin observe effectivement qu’un malaise est apparu suite au Synode de mars, lors duquel il a fallu prendre rapidement un grand nombre de décisions techniques, ce qui a fait regretter par certains que le législatif de l’Eglise « se soit moins occupé de questions de fond que de problèmes d’épicerie. « Nous proposons des changements qu’il faudra expérimenter, relève-t-il. Conclure dès maintenant que le projet est viable ou non est prématuré ». (apic/spp/pr)
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