Le Prince Max de Saxe, un précurseur qui a eu maille à partir avec le Vatican

La discipline « Connaissance des Eglises orientales » est enseignée depuis 100 ans à Fribourg, à une époque où les orthodoxes n’étaient pas en odeur de sainteté dans l’Eglise romaine. Le Prince Max de Saxe (1870-1951) réussit à susciter une atmosphère de sympathie à leur égard. Premier professeur à l’Université à s’occuper en profondeur de l’Orient chrétien, « il fut un vrai précurseur, un œcuméniste avant la lettre ». Certes, pas à la hauteur de la science théologique dans un sens technique du terme, « mais théologien dans le vrai sens du mot, non pas assis sur la chaise, mais agenouillé sur son prie-Dieu », comme l’a décrit le professeur Iso Baumer, chargé de cours sur les Eglises orientales à Fribourg.

Iso Baumer, 3ème successeur de Max de Saxe dans cette branche après les professeurs Raymund Erni et Christoph Schönborn (le futur cardinal qui quittera son poste pour un ministère épiscopal à Vienne) donnait samedi sa leçon d’adieux. Il a montré à cette occasion combien Max de Saxe s’aventura sur un terrain quasi inexploré. A tel point qu’il eut maille à partir avec le Vatican: un article très progressiste, « Pensées sur l’union des Eglises », lui valut en 1910 une sévère condamnation du pape Pie X, et son transfert de Fribourg à Cologne.

Max de Saxe avait le courage de renverser tous les jugements théologiques et politiques si son expérience sur le terrain et ses études lui démontraient clairement le manque de fondement de certaines idées reçues. « C’est ainsi qu’il se fit le héraut d’une nouvelle attitude envers les orthodoxes, attitude retardée de quelques décennies par sa condamnation par Rome, mais aujourd’hui reconnue entièrement de la part du magistère », relève le professeur émérite. Le pionnier prônait également une nouvelle attitude vis-à-vis des juifs, « en un moment où l’Eglise et l’Europe entière versaient dans un antisémitisme ou antijudaïsme qui nous fait honte aujourd’hui. » Max de Saxe distinguait encore entre le fondement divin du primat papal et son interprétation juridique, redevable aux idée de chaque époque. « Ce que le pape fait aujourd’hui n’appartient pas toujours à l’essence de l’Eglise ou à l’essence du primat », enseignait-il en 1906 déjà. S’il a souffert pour ses idées, les points de vue de ce précurseur ont finalement été adoptés par le magistère, en particulier dans l’encyclique « Ut unum sint » et la Lettre apostolique « Lumen orientale » en 1995. (apic/be)

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