Rwanda: Croisade contre l’Eglise catholique dénoncée à Bruxelles

« Eglise persécutée », témoigne le Congrès Démocratique Africain

Bruxelles, 19 avril 1999 (APIC) La campagne contre les personnalités hutu de l’Eglise catholique rwandaise s’inscrit dans « la continuation des manoeuvres de persécution » de cette Eglise qui « constitue un obstacle majeur pour l’épanouissement d’un régime militaro-ethniste et totalitaire », dénonce dans un communiqué publié à Bruxelles le Congrès Démocratique Africain (CDA), au lendemain de l’arrestation de Mgr Misago, évêque de Gikongoro.

Pour le CDA, la commémoration du 5e anniversaire du génocide, le 7 avril, a été « non un moment de recueillement et de souvenir, mais une occasion de raviver la haine entre Rwandais et, particulièrement, de persécution d’un grand acteur social et religieux, à savoir l’Eglise catholique ». Cette période de deuil s’est transformée en « une campagne de dénigrement de l’Eglise catholique et de ses prélats », culminant avec « l’emprisonnement sans objet » de Mgr Misago.

Selon le CDA, le prélat avait, en tant que président de la commission « Justice et Paix » avant avril 1994, « beaucoup contribué à la recherche de compromis en vue de la conclusion de l’Accord de Paix d’Arusha », et soutenu également « les multiples initiatives et formations à la base sur la paix et la réconciliation organisées par l’Eglise catholique ». Il note aussi qu’il était « l’un des rares responsables de l’Eglise catholique au Rwanda à avoir survécu aux massacres du FPR ».

Selon le CDA, la persécution de l’Eglise catholique au Rwanda a commencé dès le début de la tragédie rwandaise par l’exécution, le 21 avril 1994, à la paroisse de Rwesero (en commune Giti, préfecture Byumba) de nombreuses personnalités ecclésiastiques, parmi lesquelles les abbés Joseph Hitimana, recteur du petit séminaire de Rwesero, Athanase Nkundabanyanga, économe du diocèse de Byumba, Gaspard Mudashimwa, Christian Nkiliyehe, Alexis Havugimana, Faustin Mulindwa, Fidèle Mulinda, Célestin Muhayimana et Augustin Mashyenderi.

« Cette croisade s’est poursuivie avec la progression des troupes du FPR, poursuit le communiqué, pour culminer avec la décapitation de l’Eglise catholique rwandaise », par l’assassinat, le 5 juin 1994 à Gakurazo, près de l’évêché de Kabgayi, de l’archevêque de Kigali, Mgr Vincent Nsengiyumva, des évêques de Kabgayi et de Byumba, Mgr Thaddée Nsengiyumva et Mgr Joseph Ruzindana, de Mgr Innocent Gasabwoya, de prêtres, de diacres et de religieuses catholiques.

Alors que « le FPR avait qualifié ce forfait de bavure tout en promettant de punir les auteurs », le CDA constate que « non seulement le major Jacques Nziza, qui dirigeait ces exécutions, reste le bras droit du Général Kagame, mais surtout le régime du FPR a poursuivi et assassiné deux ans plus tard Mgr Phocas Nikwigize, ancien évêque de Ruhengeri, qui avait pris refuge dans l’ex-Zaïre ». Il rappelle en outre que ce même régime s’est opposé jusqu’à aujourd’hui aux funérailles officielles de ces prélats et à toute cérémonie en leur mémoire.

Un régime « militaro-ethniste et totalitaire »

Aux yeux du CDA, la campagne contre les personnalités hutu de l’Eglise catholique rwandaise, et plus particulièrement l’arrestation de Mgr Misago, « s’inscrit dans la continuation des manoeuvres de persécution de l’Eglise catholique rwandaise qui, fort de son soutien populaire accumulé depuis déjà un siècle et du rôle historique joué dans le développement socio-économique du pays et surtout dans la lutte des masses populaires contre le système féodal, constitue un obstacle majeur pour l’épanouissement d’un régime militaro-ethniste et totalitaire ».

Le CDA demande au gouvernement rwandais de libérer immédiatement Mgr Misago. Il exprime « sa sympathie envers l’Eglise catholique rwandaise frappée encore une fois de plein fouet au sommet de sa hiérarchie ». Sa pensée particulière « va spécialement aux chrétiens du diocèse de Gikongoro et à toute la population rwandaise privée injustement du soutien spirituel et social de ce prélat ».

Enfin, le CDA « demande à la communauté internationale, particulièrement au Saint-Siège, d’user de toute sa force morale et politique en vue de contraindre le régime rwandais à libérer immédiatement Mgr Misago, ainsi que d’autres innocents qui croupissent dans les prisons-mouroirs du Rwanda ». (apic/cip/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/rwanda-croisade-contre-l-eglise-catholique-denoncee-a-bruxelles/