Une bande vidéo en apporterait la preuve
Mexico, 28 avril 1999 (APIC) L’acharnement mis par le cardinal Juan Sandoval Iñiguez, archevêque de Guadalajara, au Mexique, à éclaircir les circonstances de la mort de son prédécesseur, le cardinal Juan Jesus Posadas Ocampo, pourrait être bientôt récompensé, grâce à une vidéo qui apporterait des éléments « décisifs ». En d’autres termes, le cardinal aurait bel et bien été victime d’un assassinat commandité, et non pas »tué par erreur », comme le prétend la thèse officielle de la justice.
Le 24 mai 1993, le cardinal Posadas, alors vice-président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), était abattu dans sa voiture dans un parking de l’aéroport de Guadalajara, où il était allé accueillir le nonce au Mexique. Les 36 balles qui avaient été tirées sur la voiture du cardinal, dont onze l’avaient atteint à la poitrine, provenaient d’un Kalachnikov AK-47. La hâte des autorités à déclarer, moins d’une semaine plus tard, que le cardinal avait été la victime d’une méprise, avait paru suspecte à l’époque. Cinq ans plus tard, la police mexicaine et le procureur général de la République décidaient de clore le dossier. Thèse officielle: le cardinal a été la victime fortuite de la guerre que se livrent les gangs de la drogue.
Le cardinal Sandoval Iñiguez n’a jamais cru à cette explication: « Les assassins ont tiré en plein jour, à très courte distance, et qui plus est Mgr Posadas portait soutane et croix pectorale ». Il a obtenu que soit instituée l’an dernier une nouvelle commission, composée de représentants du procureur de la République, de l’Etat de Jalisco et de l’épiscopat, afin d’exploiter des pistes laissées inexplorées et d’interroger de nouveaux témoins. Le rapport de cette commission a été présenté devant la dernière assemblée plénière des évêques, il y a une quinzaine de jours.
Le cardinal Sandoval Iñiguez avait déjà fait état d’ »éléments nouveaux et précieux », comme le témoignage du chauffeur d’un des ténors du trafic de la drogue, Joaquin « Chapo » Guzman, arrêté il y a un mois. L’archevêque donne aujourd’hui un tour nouveau à une enquête qui en est désormais quasi à sa conclusion, selon l’agence latino-américaine ACI (Pérou), en révélant la découverte récente de vidéos dont la provenance n’a pas été précisée, mais qui apporteraient des « preuves décisives ». Suffisantes en tout cas, estime le cardinal, pour établir qu’il s’agissait bien d’un crime direct et non d’une méprise. « On peut confirmer que le cardinal a été exécuté et que la fusillade a eu lieu ensuite », a-t-il affirmé après avoir visionné les bandes vidéos et pris connaissance de déclarations que quelques fonctionnaires qui ont demandé à garder l’anonymat.
Témoignages révélateurs
Devant la récente assemblée des évêques, le cardinal Sandoval avait déjà indiqué que, « même s’il reste à interroger de nombreux personnages importants susceptibles d’apporter des éléments plus relevants encore, des témoignages révélateurs ont déjà été recueillis ». Et de préciser: « Ceux qui sont impliqués sont importants, et des personnes qui sont bien informées doivent encore s’exprimer, après quoi on fera une évaluation de toutes les déclarations, au nombre d’une cinquantaine jusqu’ici ». (apic/cip/aci/pr)
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