Alain Vivien, député socialiste de Seine-et-Marne, aujourd’hui président à titre bénévole de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, en a expliqué les objectifs aux journalistes de l’information religieuse (AJIR).

Pour Alain Vivien, auteur en 1985 d’un célèbre rapport sur les sectes qui porte son nom, le phénomène sectaire tend à s’écarter toujours plus du religieux proprement dit. Plutôt que des mouvements en marge des grandes confessions, les sectes sont aujourd’

La Mission interministérielle succède à l’Observatoire des sectes. Créée par un décret présidentiel, elle répond à une volonté politique. Avec pour correspondants permanents de hauts fonctionnaires des ministères concernés (éducation nationale, défense, surveillance du territoire, justice, etc) et pour secrétaire général un magistrat, elle devrait être plus efficace.

Les sectes ne respectent pas, à un titre ou l’autre, la loi ou les grands principes de la Déclaration des droits de l’homme. Ainsi des groupes considèrent que les parents ont un droit absolu sur les enfants qu’ils ont engendrés. « Nous veillons comme à la prunelle de nos yeux au maintien des grandes libertés. C’est notre base de travail » répète Alain Vivien. Et de se féliciter d’un récent amendement à la loi Ferry permettant désormais au ministère de l’Education nationale de contrôler la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles privées qui ne sont pas sous contrat avec l’Etat (6’000 enfants concernés): une véritable une niche pour les sectes.

Celles-ci assènent toujours une vérité unique, sont animées par un unique chef qui reçoit son autorité d’un niveau supérieur invérifiable. Leurs membres sont dans un état de dépendance entretenue vis-à-vis du groupe et des lieutenants du « chef », lesquels ne supportent pas la moindre contestation.

Des outils juridiques suffisants

Les outils juridiques actuels de lutte contre les sectes sont-ils suffisants ? En France le dispositif existant est satisfaisant, en particulier pour le droit associatif, estime A. Vivien. Même s’il est regrettable que les associations de loi 1901 ne soient pas obligées de tenir une assemblée générale au moins une fois par an, ce qui permettrait de mieux appréhender les dérives. N’y-a-t-il pas une zone d’ombre autour du statut d’association cultuelle ? Le Conseil d’Etat s’est prononcé récemment sur la définition d’une association cultuelle – une association créée pour la pratique d’un culte et rien d’autre, dans le respect de l’ordre public et des lois – et a refusé ce statut au Témoins de Jéhovah. Ceux-ci le recherchaient pour être défiscalisés.

Sur le plan de la lutte internationale, le gros problème vient des Etats-Unis où les sectes s’installent pour devenir transnationales et où l’amendement constitutionnel interdisant aux législateurs de légiférer en matière de prosélytisme a fait notamment l’affaire des scientologues en leur permettant à terme de ne pas être soumis à l’impôt. Selon A. Vivien la scientologie prépare actuellement une offensive systématique en Europe, à commencer par l’Italie. (apic/jcn/mp)

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