Le Kosovo, « âme et destin du peuple serbe »
Belgrade/Paris, 8 février 1999 (APIC) Une délégation de l’Eglise serbe orthodoxe s’est rendue à Rambouillet, mais sa participation à la Conférence de paix qui devrait mettre un terme aux hostilités qui ensanglantent le Kosovo depuis un an n’a pas été souhaitée. Dans une déclaration publiée ce week-end à Belgrade, l’Eglise serbe orthodoxe affirme que le Kosovo « n’est pas seulement l’âme et le destin du peuple serbe, mais aussi synonyme du plus important de ce que le peuple serbe chrétien a apporté à la chrétienté ». L’Eglise serbe craint un « lâchage » du Kosovo par Belgrade.
La Conférence qui vient de s’ouvrir au château de Rambouillet doit réunir à huis clos pendant une semaine treize négociateurs serbes et dix-sept kosovars sous l’égide de trois médiateurs – américain, russe et autrichien. La Conférence est placée sous la co-présidence des ministres français et britannique des Affaires étrangères, Hubert Védrine et Robin Cook.
Le cœur religieux de la Serbie
L’Eglise serbe orthodoxe considère le Kosovo comme le cœur du peuple serbe, là où elle a érigé le plus grand nombre de ses édifices religieux. Elle y possède, selon ses chiffres, 1’300 églises et 11 monastères, avec une centaine de moines et de religieuses. Les chefs de l’Eglise serbe craignent le « lâchage » de leurs fidèles – le Kosovo compte 10% de Serbes, sur une population de 2 millions d’habitants à près de 90% de souche albanaise.
A Belgrade, l’Eglise orthodoxe serbe dénonce la position du groupe de contact sur le Kosovo, qui ressemble essentiellement à un « ultimatum à la Serbie et à la Yougoslavie ». Siège du Royaume serbe médiéval, le Kosovo revêt une dimension hautement symbolique pour l’Eglise serbe. C’est à la bataille de Kosovo Polje, le 28 juin 1389, que les Serbes allaient perdre le fleuron de leur noblesse, ouvrant la voie à la conquête ottomane dans les Balkans.
La délégation des Eglises à Rambouillet est emmenée par le métropolite du Kosovo Artemije Radosavljevic, le métropolite Amfilohije Radovic, du Monténégro, ainsi que le moine Sava, vice-abbé du célèbre monastère de Decani, au Kosovo. Elle est accompagnée par le leader du Mouvement du Renouveau serbe (SPO), proche de l’Eglise orthodoxe, Momcilo Trajkovic, et l’historien belgradois Dusan Batakovic. Ce dernier a élaboré un plan de cantonalisation du Kosovo.
La direction serbe n’a pourtant pas souhaité intégrer la délégation ecclésiale dans le groupe de négociateurs officiels et a ignoré les revendications de l’Eglise nationale dans ce sens. Le métropolite Artemije souhaite de toute façon s’entretenir avec des représentants du groupe de contact (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne et Italie). Jeudi, la délégation de l’Eglise devrait partir pour Washington, dans le but de présenter son point de vue au Sénat américain. (apic/kap/be)
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