Etats-Unis: Jean Paul II rencontre le président Clinton: La peine de mort en question
Saint Louis ,
(APIC) La rencontre de Jean Paul II avec le président Bill Clinton mardi à Saint Louis remet au premier plan la question de la peine de mort aux Etats-Unis, que le Souverain pontife souhaiterait voir abolie à l’occasion du Grand Jubilé de l’an 2000. C’est en effet dans l’Etat du Missouri qu’a eu lieu la plus récente exécution capitale, celle de Kelvin Malone le 13 janvier dernier. La 505e depuis sa réintroduction en 1976.
Le pape de son côté a répété samedi au Mexique son appel à renoncer à « l’inutile recours à la peine de mort », une conviction qu’il a répétée à plusieurs reprises ces derniers mois. L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a elle aussi formé le vœu que le pape se fasse l’avocat de l’abolition de la peine capitale lors de sa visite auprès du chef de l’Etat américain.
Sœur Helen Prejean, la religieuse catholique de Louisiane, auteur du best-seller « Dead Man Walking » – qui a donné lieu au célèbre film de Timm Robbins « La dernière marche », où la religieuse est campée par l’actrice Susan Sarandon – compte bien sur le soutien du pape pour son combat abolitionniste. Dans une interview accordée mardi à l’agence d’information vaticane FIDES, celle que l’on surnomme « l’ange contre la peine de mort », rappelle que c’est une « peine raciste » – elle frappe aux Etats-Unis avant tout les minorités ethniques – et de plus « inutile ». L’automne dernier, Sœur Helen Prejean a présenté à l’ONU une pétition munie de 100 signatures de Prix Nobel – entre autres du Dalai Lama et de Nelson Mandela – pour soutenir un moratoire pour la peine de mort en l’an 2000.
Une affaire politique dont sont victimes les pauvres et les minorités
Aux Etats-Unis, les tribunaux peuvent requérir la peine de mort pour une cinquantaine de délits, mais dans le 90% des cas, c’est la politique qui dicte le choix de la peine de mort, relève Sœur Helen Prejean, dont le combat abolitionniste a fait le tour du monde grâce à « Dead Man Walking ». Des 20’000 homicides commis chaque année aux Etats-Unis, moins de 1% se terminent par une condamnation à mort. 85% des 3’400 détenus attendant dans le couloir de la mort le sont pour avoir tué un blanc, alors qu’en moyenne 50% des victimes de meurtres sont des personnes de couleur. Les condamnés sont donc généralement des Noirs qui ont tué des Blancs. Pour Sœur Helen, c’est le désir de vengeance qui conduit à cette réalité: il existe un schéma raciste dans l’application de la sentence de mort, car il y a rarement peine de mort quand un Blanc tue un Noir. Les Etats du Sud, en particulier le Texas, sont ceux qui ont le plus recours à la peine de mort. Ce sont ceux aussi qui ont maintenu le plus longtemps la ségrégation raciale jusque à la fin des années 60.
La pauvreté jour également un rôle déterminant. Pouvoir se payer un bon avocat permet souvent d’échapper à la peine capitale. Le premier condamné à mort que Sœur Helen a assisté a eu droit, en tout et pour tout, à deux entretiens d’une demi-heure avec son avocat commis d’office. Bien trop peu pour établir une ligne de défense solide.
48 condamnés à mort reconnus innocents
Pour la religieuse catholique, la peine de mort résulte du désir de régler un problème social par la violence, par une « solution militaire consistant à anéantir un ennemi ». Cette logique guerrière n’est pas chrétienne à ses yeux. C’est un fait, les politiciens ont peur de perdre des voix s’ils se prononcent contre la peine de mort. Beaucoup soutiennent que la peine de mort a un effet dissuasif. « C’est une stupidité! », martèle la religieuse. Pourquoi alors le nombre des exécutions augmente-t-il ? Sans parler du risque d’erreur judiciaire. Entre 1972 et 1993, 48 personnes condamnées à mort aux Etats-Unis ont été libérées après avoir été innocentées. Malgré ces évidences, le combat pour l’abolition de la peine de mort dans le pays du président Clinton n’est pas populaire et est loin de mobiliser les foules. (apic/fides/mp/be)
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