Plus de 200’000 personnes sont attendues dimanche à Paris pour une grande manifestation nationale contre le Pacte civil de solidarité (PACS). Initiatrice de la démarche, l’association «Générations anti PACS» rassemble une quinzaine d’organisations d’horiz

L’absence d’un vrai débat national sur les enjeux du PACS face au mariage et à la famille, au-delà du cas des couples homosexuels, a soulevé de nombreuses inquiétudes. Les débats houleux et les oppositions de partis à l’Assemblée nationale n’ont rien fait pour éclaircir l’affaire.

Le PACS divise l’opinion catholique. Seul point sur lequel elle est d’accord : l’insuffisante préparation de ce projet de loi. Bernard Ginisty, directeur de Témoignage Chrétien, « L’hebdo des cathos de gauche », estime qu’on « peut regretter la légèreté avec laquelle le Parti socialiste s’est engagé sur le PACS ». Il est pourtant favorable à un texte qui « permet d’augmenter la citoyenneté dans la République ». De même, Dominique Gerbaud, rédacteur en chef de « La Vie », hebdomadaire catholique plus proche du centre, lui aussi plutôt « pour », regrette l’absence d’ »un vrai débat national sur le PACS dont les enjeux dépassent une simple modification du statut du concubinage. » Une prise de position qui s’est attirée les réactions très médiatisées de Mgr Patrick Le Gal, évêque de Tulle. Lequel, s’étant senti « trahi », s’en prenait violemment à La Vie et ne reconnaissait pas au journal le droit au désaccord sur une question touchant « la foi et les moeurs ». Pour le quotidien « Le Monde », ce jeune évêque est, avec Mgr Georges Lagrange, de Gap, et Mgr Joseph Madec, de Toulon, animé « d’un zèle excessif en faveur des traditionalistes ».

Quant à Mgr André Fort, évêque de Perpignan, il a lancé un appel à la mobilisation anti-PACS, publié in-extenso cette semaine dans les hebdomadaires catholiques « Famille Chrétienne » et « France Catholique » de tendance plus conservatrice . La Une de ce dernier annonce: « PACS : le rendez-vous du 31 janvier ».

Une législation inutile, disent les évêques

En qualifiant le PACS d’inutile dès le mois de septembre, le conseil permanent des évêques avait déjà largement lancé le débat. Pour l’épiscopat français, « le droit actuel offre suffisamment de possibilités pour régler des problèmes sociaux ou économiques rencontrés par certaines personnes qui ne peuvent ni ne veulent se marier. Il n’est pas nécessaire d’inscrire dans la loi un nouveau statut relationnel qui risque de déstructurer davantage le sens du couple et de la famille ».

Cette déclaration pointe du doigt le noeud des critiques adressés au PACS : inutilité d’une législation bis qui viendrait apporter une reconnaissance officielle aux couples homosexuels et, à terme, fragiliser la cellule familiale, qui n’en a pas besoin.

Un argument que reprennent à leur compte les opposants. A commencer par Jean-François Chaumont, président des Associations familiales catholiques (AFC). Et de citer l’Observatoire du PACS, fondé notamment à l’initiative du groupe homosexuel Act up, qui déclare : « Nous nous efforcerons de corriger les lacunes du texte en revendiquant (…) le droit à l’adoption, à la procréation assistée et à la co-parentalité pour les futurs pacsés, hétérosexuels ou homosexuels ».

« On voit mal comment on pourrait refuser longtemps ce droit à des pacsés homosexuels alors qu’on l’accorderait à des pacsés hétérosexuels », relève de son côté Dominique Fonlupt, journaliste chargée de la rubrique Famille à « La Vie ». Elle même se dit globalement défavorable au PACS, même si elle comprend les positions de son rédacteur en chef. Lequel est, du reste, gêné aux entournures. S’il estime qu’il est « souhaitable de mettre fin à la marginalisation et aux attitudes discriminatoires dont les homosexuels sont victimes », il n’en attire pas moins l’attention sur la négation, à terme, de la différence sexuelle sur laquelle se fondent la société et la cellule familiale. Et d’écrire qu’un « texte généreux comme celui-ci peut induire ou favoriser une évolution de moeurs dont on ne mesure pas les conséquences. »

Pour le Père Jacques Cougnaud, vice-président de « David et Jonathan », association qui regroupe des homosexuels chrétiens, une question reste : les évêques ont-ils subi la pression des lobbies catholiques de droite, voire traditionalistes? N’ont-ils pas été contraints de se faire l’expression d’une majorité conservatrice de catholiques ? C’est ce que pense aussi et ce qu’écrivait Dominique Gerbaud, dans son fameux éditorial de « La Vie » . Ce qui lui valut une réponse expresse des évêques, soulignant combien cette accusation était blessante et sans fondement.

« Nous ne sommes pas un parti engagé dans une stratégie politique, relève dans « La Croix » Mgr André Vingt-Trois, évêque auxiliaire de Paris. Notre objectif est de signaler les enjeux qui nous semblent importants pour nos concitoyens. Nous nous efforçons de rappeler qu’une vraie vie de famille est une chance pour ses membres et pour la société, et à quelles conditions. » (apic/jcn/mp)

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