Une année au Guatemala comme « une mise à l’épreuve »
Par Marie-José Portmann, de l’APIC
Fribourg, 15 décembre 2000 (APIC) Le Père Roland-Bernhard Trauffer sera le prochain vicaire général du diocèse de Bâle, en 2002. Il s’envolera en février prochain au Guatemala pour se mettre une année durant au service du diocèse de Coban (Altavera Paz). C’est ce qu’il a annoncé mercredi matin à la presse romande et alémanique dont il a pris congé, à l’issue d’une collaboration de presque 14 ans, au titre de secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES).
Vêtu de sa tunique blanche et accompagné par le Père Guy Bédouelle, son prieur, le Père Roland-B. Trauffer a reçu les journalistes dans l’extraordinaire bibliothèque de l’Albertinum, le couvent St-Albert le Grand, fondé voilà 110 ans par le Père Bertier, en même tant que l’Université de Fribourg. Le Père Bédouelle a situé le mandat de secrétaire de la Conférence des évêques dans le cadre du ministère de prédication, au sens large, des dominicains, qui confrontent l’Evangile à la culture de la société. Après avoir, pendant près de 14 ans, relié l’Eglise en Suisse à l’Eglise universelle, le Père Trauffer aura l’occasion de vivre l’aspect missionnaire de la prédication en partant une année au Guatemala.
Le dominicain bernois âgé de 55 ans accompagne depuis 1993 un jeune confrère dominicain dans la construction d’une école d’agriculture, au sein de la paroisse de Santa Maria à Cahabon, dans le diocèse guatémaltèque de Coban. Il n’hésite pas à qualifier son engagement pastoral dans cette paroisse aussi grande que le canton du Jura de « mise à l’épreuve ». Cahabon compte en effet 48’000 « campesinos » qui appartiennent au groupe linguistique Mayas Q’eqchi et ne sont pas propriétaires de leurs terres. 40 seulement des 120 villages de la paroisse sont reliés par des routes carrossables. L’eau et l’électricité sont denrées rares et la vie au quotidien très dure.
Positions sincères et courageuses
Dans ce pays qui fait son apprentissage de la démocratie, les projets d’alphabétisation et d’évangélisation de l’Eglise catholique ont forcément une dimension politique, souligne le Père Trauffer. Les pèlerinages nationaux des Années Saintes 1988 à Einsiedeln et 2000 à Rome, les rencontres ad limina de la CES avec Jean-Paul II ou encore la béatification de trois femmes suisses ne lui ont jamais fait oublié le Sud et la solidarité.
Il partage du reste profondément les convictions théologiques sur la doctrine sociale de son futur employeur, l’évêque du diocèse de Bâle. Mgr Koch « fera l’histoire » avec son projet de régionalisation de son immense diocèse, en valorisant les structures ecclésiales et la prise de responsabilité des laïcs, estime le Père Trauffer. L’évêque de Bâle a pour sa part a relevé, dans une lettre lue mercredi, à Fribourg, la loyauté et les compétences du dominicain, qui a exercé la fonction de chancelier de l’évêché de Bâle de 1984 à 1987 L’actuel vicaire général du diocèse de Bâle, le Père Rudolf Schmid, a annoncé sa démission pour août 2001 mais accepte de poursuivre son mandat jusqu’au retour du dominicain.
Impatience toute… helvétique
Si on lui reproche parfois son éternel optimisme et son inclination à enjoliver la réalité, le Père Trauffer rappelle certaines prises de positions « sincères et courageuses » de la CES, sur l’inviolabilité de la vie ou sur l’antisémitisme. Il s’est aussi fait l’avocat de Jean-Paul II, « sans aucune concession », et a essayé de communiquer la force de cette présence extraordinaire à Rome « qui gêne les Suisses, plus privés et plus démocrates ».
Dans son rôle de porte-parole de la Suisse au Vatican, le Père Trauffer a souvent transmis l’impatience des laïcs suisses face à la lenteur institutionnelle vaticane, notamment dans l’affaire de l’évêque de Coire, qui a duré 9 ans avantde trouver son épilogue avec le transfert de Mgr Wolgang Haas au Lichtenstein. Le dominicain souligne que Rome aussi connaît des changements dans les dicastères pontificaux et que certains évêques ont une grande fascination pour la Suisse. Plus d’un considèrent l’Eglise catholique de ce pays comme un champ pastoral fascinant, avec son contexte œcuménique, sa tradition de démocratie directe et son courage dans la traduction pragmatique de Vatican II. Enfant terrible parmi les Eglises locales, la Suisse a donné l’impulsion à de nombreux documents de la Curie, que ce soient les instructions sur la participation des laïcs au ministère, les nouvelles formes du sacrement de la réconciliation, la pastorale des divorcés remariés ou encore les textes sur l’œcuménisme. Même si la position de la CES n’a pas toujours été comprise ni retenue…, regrette le secrétaire de la CES. (apic/mjp)
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