« Pour que l’Action de Carême existe encore dans dix ans »
Lucerne,
(APIC) Antonio Lautle dirigera dès le 1er mars 2001 l’Action de Carême (AdC). Le jour de l’annonce de sa nomination, jeudi 23 novembre à Lucerne, le théologien a défini pour l’APIC les priorités de l’œuvre caritative, pour garantir sa pérennité et sa place sur le marché des dons.
L’AdC devait élargir sa base de donateurs, rejoindre les gens qui n’ont qu’un lien ténu avec l’Eglise et même dépasser les barrières des confessions et des religions dans ses campagnes. Pour Antonio Lautle, le cercle des pratiquants réguliers de la messe du dimanche se restreint comme peau de chagrin et n’est plus un réservoir suffisant. La récolte de don ne peut plus se concentrer sur la récolte de dons durant le temps liturgique du Carême. « Nous allons devoir toucher un public beaucoup plus large dans notre campagne. Je m’imagine que l’économie sera de plus en plus impliquée dans la réflexion de la campagne de Carême. Je dis cela aussi parce que je connais bien ces milieux. »
Antonio Lautle estime qu’une stratégie claire est nécessaire pour transformer le recul actuel des dons en une nouvelle croissance. Elargir la base des donateurs implique de savoir exactement quelle part du gâteau du partage revient à l’Action de Carême. Au risque de paraître provocateur, l’éthicien pose également la question de la répartition des fonds récoltés, se demandant si la dispersion n’est pas trop grande.
Connaître la véritable identité de l’organisation
On ne créera de nouvelles perspectives à l’Action de Carême et à ses donateurs qu’au terme d’un processus de changement, à l’intérieur de l’Eglise qui est en Suisse, mais aussi dans la mission et dans le cadre de l’aide au développement, estime Antonio Lautle.
L’une des priorités du nouveau directeur de l’Action de Carême est d’engager une étude de marché pour savoir qui exactement est concerné par la campagne de Carême telle qu’elle est lancée actuellement. « C’est en s’appuyant sur ces données que l’on pourra définir l’identité de l’organisation caritative et les créneaux qu’elle peut occuper sur le marché des dons. « Si nous ne procédons pas à ces analyses, l’Action de Carême risque bien d’avoir disparu, dans dix ans. »
Selon l’expérience d’Antonio Lautle, les catholiques que l’on dit éloignés de l’Eglise gardent une relation avec elle. L’enjeu, c’est d’atteindre à la fois ceux qui vivent dans l’Eglise et qui n’ont plus que des relations distendues avec elle. Il faudra de bons projets qui correspondent aux lignes directrices de l’organisation tout en dépassant les barrières confessionnelles et religieuses. « Je suis persuadé que l’on peut s’adresser en tant qu’œuvre d’entraide catholique à des gens qui ont peu voire rien à voir avec l’Eglise catholique » souligne le théologien.
Une Eglise ouverte
Le nouveau directeur de l’AdC attend de ses collaborateurs qu’ils s’identifient à l’Eglise catholique-romaine. Pour lui, il n’y a pas d’Eglise plus ouverte car, à côté du pape et du magistère romain, elle rassemble tout le peuple de Dieu.
Parlant de son abandon du célibat en 1994 pour une vie de famille dans la pleine acception du terme, Antonio Lautle explique qu’il a fait ce choix en toute connaissance de cause, au moment où il a pris conscience qu’il ne pourrait vivre qu’une demi-vie. Il ne pouvait opter pour une vie de prêtre selon les critères fixés par l’Eglise. « J’ai tiré les conséquences qui s’imposaient, considérant que Rome ne modifieraient pas les conditions de l’accès au sacerdoce. » Antonio Lautle s’est alors dirigé vers la gestion d’entreprise et l’éthique sociale et économique. (apic/job/mjp)
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