« Les peuples d’Afrique ne peuvent plus se taire »
Rome, 6 octobre 2000 (APIC) Les funérailles solennelles de Mgr Kataliko, archevêque de Bukavu au Congo, se sont déroulées jeudi 5 octobre à la Chapelle du Collège Pontifical Urbain de Rome. Un millier de fidèles, onze cardinaux et 120 évêques ont participé à la célébration. Peu avant sa mort, Mgr Kataliko avait enjoint ses confrères évêques africains réunis en symposium à agir auprès des autorités politiques, « parce que les peuples d’Afrique souffrent et ne peuvent plus se taire ».
L’archevêque de Bukavu est décédé le 3 octobre dernier dans les environs de Rome, où il participait au Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM). Onze cardinaux et plus de 120 évêques étaient présents aux funérailles, ainsi qu’un millier de fidèles, étudiants, religieux et religieuses du Congo, missionnaires, et des simples fidèles.
La cérémonie a été présidée par le cardinal Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi, archevêque de Kinshasa au Congo, et président de la Conférence épiscopale du Congo. Il était entouré du cardinal Jozef Tomko, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, et du cardinal Bernardin Gantin, doyen du Collège des cardinaux. L’archevêque de Kinshasa a rappelé le coeur du message de Mgr Kataliko aux évêques qui participent aux travaux du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar: « Les évêques doivent parler, parler aux hommes politiques, aux autorités… parce que les peuples d’Afrique souffrent et ne peuvent plus se taire ».
Exilé durant sept mois
Dans son homélie, Mgr Paul Mambe Mukanga, évêque de Kindu, a retracé les étapes de la vie de l’archevêque de Bukavu, insistant sur la phase dramatique de son exil. Mgr Kataliko avait été déporté à Butembo pendant sept mois par les rebelles du « Rassemblement Congolais pour la Démocratie », en raison de ses prises position répétées pour défendre la population soumise à l’occupation. Il n’avait pu rentrer que le 14 septembre dernier dans son archidiocèse de Bukavu, dans la partie orientale du Congo sous occupation des troupes ougandaises et rwandaises.
Au terme de la cérémonie, une veillée de prière a commencé autour du corps du défunt, et a duré trois heures, pour reprendre le lendemain. Vendredi après-midi, le corps sera transporté à l’aéroport de Fiumicino, d’où il partira pour Kampala en Ouganda. Il doit arriver à Bukavu le 9 octobre. Mgr Kataliko sera enseveli à côté de Mgr Christophe Munzihirwa, son prédécesseur, assassiné le 29 octobre 1996, lors de l’avancée des troupes qui combattaient contre le régime du Président Mobutu, et qui se sont emparées du pouvoir en mai 1997.
Emeutes à Bukavu
Mercredi matin, dès que Bukavu a appris la disparition de son archevêque, une manifestation s’est organisée dans les rues, avec pour protagonistes des jeunes gens et des étudiants. Pour beaucoup, Mgr Kataliko était le symbole de la résistance à l’occupation du territoire congolais par des forces étrangères. L’intervention de l’armée pour les disperser a entraîné des émeutes qui se seraient soldées par au moins deux morts et plusieurs blessés. (apic/fides/bb)
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