Les protestants n’auraient pas de raison de se sentir « offensés »
Rome, 8 octobre 2000 (APIC) Le cardinal Joseph Ratzinger, commentant son récent document controversé « Dominus Iesus » dans l’Osservatore Romano du 8 octobre, se dit « très ennuyé » des reproches qui lui sont formulés de « fondamentalisme, centralisme romain et absolutisme ». Pour lui, les protestants n’auraient pas de raison de se sentir « offensés » par le fait que l’Eglise catholique ne considère pas les communauté issues de la Réforme comme des « Eglises ».
Sous le titre « La pluralité des confessions ne relativise pas l’exigence du vrai », le quotidien du Vatican « Osservatore Romano » publie dans son édition de dimanche les propos du cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sur la déclaration « Dominus Iesus », parus fin septembre dans quotidien allemand « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».
Dans cet entretien, le cardinal Ratzinger se dit « très ennuyé » des accusations de « fondamentalisme, centralisme romain et absolutisme » portées contre la congrégation qu’il dirige à l’occasion de la publication de la déclaration « Dominus Iesus », sur « l’unicité et l’universalité salvifique du Christ et de l’Eglise ».
Le cardinal évoque en particulier dans cet entretien les réactions des protestants sur le fait que cette déclaration souligne que leurs communautés ne sont pas considérées comme des « Eglises » par l’Eglise catholique. Pour le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, ils n’ont pourtant pas de raison de se sentir « offensés ».
Luther lui-même n’acceptait pas que l’Eglise puisse « s’incarner dans la grande structure institutionnelle de l’Eglise catholique », fait-il remarquer. « Dans ce sens nous n’offensons personne en disant que les structures évangéliques effectives ne sont pas une Eglise dans le sens où l’Eglise catholique veut l’être. Elles-mêmes ne désirent pas l’être ». Selon la doctrine catholique, insiste donc le cardinal Ratzinger, les Eglises locales de l’Eglise orientale séparées de Rome sont « d’authentiques Eglises locales », mais les communauté issues de la Réforme sont « constituées différemment ».
Ratzinger: « tristesse et déception »
« Certains formulent des critiques avec beaucoup de facilité parce qu’ils considèrent tout ce qui vient de Rome du point de vue de la politique et du partage du pouvoir, sans considérer les contenus », regrette encore le cardinal Ratzinger. Il exprime donc sa « tristesse et déception » de voir que les réactions publiques ont en général « ignoré complètement » le véritable thème de « Dominus Iesus ».
« Le document veut inviter tous les chrétiens à s’ouvrir de nouveau au Christ comme Seigneur, et à conférer ainsi à l’Année sainte une signification profonde », explique-t-il. « Les questions ecclésiologiques et œcuméniques dont tous parlent maintenant occupent seulement une petite partie du document, qu’il nous a paru nécessaire de rédiger pour souligner la présence vivante et concrète du Christ dans l’Eglise ».
Les paroles de Jésus aussi sont souvent terriblement dures…
Evoquant enfin le langage utilisé par le document, souvent qualifié de « dur », le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi souligne que « les paroles de Jésus sont souvent terriblement dures et formulées sans beaucoup de prudence diplomatique ». Le cardinal Ratzinger cite à ce sujet Mgr Walter Kasper, secrétaire du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens. « Il a dit avec raison que le bruit suscité par le document cache un problème de communication parce que le langage doctrinal classique, tel qu’il est utilisé dans notre document en continuité avec les textes du Concile Vatican II, est complètement différent de celui des journaux et des moyens de communication sociale ». « Mais alors, conclut le cardinal Ratzinger, le texte doit être traduit, et non pas méprisé ». (apic/imedia/be)
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