Jérusalem: Les «Fidèles du Mont du Temple» interdits sur l’Esplanade des Mosquées

Rabbin Froman: respectez la sensibilité religieuse musulmane !

Jérusalem, 16 octobre 2000 (APIC) Dans le but d’éviter de nouvelles provocations contre les lieux saints islamiques, le gouvernement israélien a interdit au groupe extrémiste juif des « Fidèles du Mont du Temple » de se rendre lundi sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. De son côté, le rabbin Menachem Froman, de la colonie juive de Tekoa, en Cisjordanie, a lancé un appel urgent aux autorités israéliennes afin qu’elles respectent la sensibilité religieuse des musulmans.

Le 28 septembre dernier, une visite accompagnée du chef de la droite israélienne Ariel Sharon dans le troisième lieu saint de l’islam avait déclenché les émeutes palestiniennes qui ont déjà fait plus de 100 morts. La police de Jérusalem a justifié l’interdiction de la traditionnelle manifestation des Fidèles du Mont du Temple, qui aurait dû se tenir lundi, par la situation tendue qui règne dans la ville.

Le groupuscule nationaliste juif avait prévu une cérémonie de bénédiction d’une pierre d’angle de 4,5 tonnes destinée à la construction d’un « Troisième Temple » de Jérusalem, sur l’emplacement du « noble sanctuaire » (Haram al-Sharif) où se trouvent les mosquées du Dôme du Rocher et d’Al-Aqsa. Les extrémistes ont cependant été autorisés à se rassembler sur la place devant le Mur des Lamentations.

Ces dernières années, craignant de graves incidents, la police avait déjà interdit aux militants de se rendre sur l’Esplanade des Mosquées en tant que groupe, leur permettant uniquement de se rendre individuellement sur le Mont du Temple, considéré par les juifs religieux comme leur lieu le plus saint.

« Tragédie pour le peuple juif et capitulation face la violence arabe brutale »

La police a déclaré ne pas avoir autorisé le groupe à déplacer la pierre d’angle du « Troisième Temple », qui se trouvait sur un camion, recouverte de drapeaux israéliens, près du Consulat américain à Jérusalem-Est. Un « prêtre » revêtu d’ornements bibliques et des « lévites » jouant de la musique auraient dû accompagner les manifestants.

Selon la presse israélienne, le mufti de Jérusalem a déclaré que le groupe voulait provoquer un nouveau bain de sang. Responsable de l’Autorité palestinienne pour Jérusalem, Faisal Husseini a lancé un appel au calme aux Palestiniens après que la police israélienne eût annoncé l’interdiction d’entrée du groupe sur l’Esplanade des Mosquées. Gershon Salomon, chef du groupuscule, a qualifié la décision de la police israélienne de véritable « tragédie pour le peuple juif et de capitulation face la violence arabe brutale de ces deux dernières semaines ».

Dans un appel passionné au gouvernement israélien et à la communauté internationale, le rabbin Menachem Froman, de Tekoa, a mis en garde les négociateurs engagés dans le processus de paix: il ne faut pas sous-estimer la valeur du dialogue religieux, car tant que cet aspect ne sera pas compris, il n’y aura jamais de paix. Pionnier dans les contacts avec les leaders religieux musulmans, Menachem Froman a lancé son appel à la veille du sommet de Charm el-Cheikh. Le rabbin a relevé que la violence des derniers jours a une nouvelle fois prouvé que si l’on ne prend pas en considération la sensibilité religieuse des musulmans, « toute initiative de paix est vouée à l’échec ».

Elément religieux négligé: « dogmatisme de la gauche »

Ce message, qu’il a adressé à maintes reprises aux autorités israéliennes, n’a pas été pris suffisamment au sérieux. La négligence de l’élément religieux dans les négociations de paix provient, à ses yeux, principalement d’un « dogmatisme de la gauche » estimant que si les autres problèmes sont résolus, les questions religieuses se résoudront d’elles-mêmes. Cette ignorance des diverses sensibilités religieuses de la part des gouvernements de gauche a prévalu lors des récentes explosions de violence au sein de la population arabe israélienne, les « soi-disant experts maintenant contre toute évidence que bien que les manifestants criaient des slogans à propos de la mosquée d’Al-Aqsa, les émeutes étaient en fait le résultat de facteurs économiques ».

La frustration économique des Arabes israéliens n’explique pas leur révolte

Certes, « il est vrai que les arabes israéliens font face à une frustration économique, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont brûlé le bureau de poste à Jaffa et bloqué l’autoroute dans le Wadi Ara », constate le rabbin Froman. Et de rappeler que les sentiments des musulmans pour la mosquée Al-Aqsa et pour ce que les juifs appellent le Mont du Temple ont été dans l’histoire récente la source de troubles continuels, à commencer par les émeutes de 1929 et les plus récentes révoltes lors du percement du tunnel près du Mur des Lamentations, sans oublier la dernière visite d’Ariel Sharon. « Si l’on ne s’occupe pas de cette question, la situation ne va jamais s’améliorer, assure le rabbin Froman, car en Terre sainte, vous ne pouvez pas faire la paix sans vous occuper du problème du sacré! ».

En janvier 1999, et une nouvelle fois en mai dernier, le rabbin Froman a proposé une solution religieuse pour Jérusalem au président de l’Autorité Palestinienne Yasser Arafat, qui s’est montré intéressé, mais a demandé quelle était la position du gouvernement israélien. Menachem Froman a regretté que les autorités israéliennes n’aient pas soutenu ses propositions.

Lundi, les Grands rabbins d’Israël, qui sont allés prier au Tombeau de Rachel, à l’entrée de Bethléem, ont été accueillis par de jeunes manifestants palestiniens qui ont lancé des pierres près du lieu saint qui avait été fermé en raison des violences de ces deux dernières semaines. (apic/haar/jpost/be)

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