Sénégal: Crise sans précédent dans l’enseignement privé catholique au Sénégal
Dakar, 30 octobre 2000 (APIC) Marches de protestation, mises en garde et contre-mises en gardes, dialogues et négociations: l’enseignement privé catholique (EPC) au Sénégal traverse une crise scolaire que le corps enseignant attribue au patronat. Ce dernier rejette cette accusation et rappelle son engagement en faveur d’un partenariat sincère avec les enseignants.
Le Syndicat national des enseignants des écoles privées catholiques du Sénégal (SNEEPC) réclame une généralisation des indemnités de logement, une meilleure prise en charge médicale, telle que l’assurance maladie, une formation des enseignants, une gestion démocratique et transparente du personnel enseignant (nomination, mutation, récompenses), des états généraux de l’EPC et des mesures contre les malversations financières. Le syndicat qui réclame aussi un libre accès à l’information, l’amélioration des conditions de travail de ses militants et une meilleure collaboration avec leurs employeurs, souligne que la plupart de ces revendications ont plus de 30 ans.
Selon l’organisation syndicale, sur près de 2’000 enseignants chrétiens et musulmans que compte l’EPC dans le pays, seuls environ 399 instituteurs bénéficient d’une indemnité de logement variant de 40’000 à 150’000 francs CFA (entre 100 et 375 frs). Les femmes qui en bénéficient, la perdent à leur mariage. Elles peuvent cependant retrouver cette allocation dès qu’elle divorce. Le syndicat des enseignants dénonce cette situation. Pour obtenir satisfaction, il mène depuis avril dernier des mouvements de protestation. Ceux-ci ont abouti à une manifestation de rues le 5 octobre, à Dakar à laquelle plus de 400 membres du syndicat ont participé.
Aujourd’hui, un préavis de grève a été déposé, couvrant les premiers jours des mois de novembre et décembre. Des équipes d’enseignants non affiliés au SNEEPC ont exprimé leur inquiétude face au malaise de l’EPC. Elles préconisent « une solidarité agissante ».
Menaces
Les employeurs, qui regroupent les écoles diocésaines du pays, par la voix du Directeur diocésain de l’enseignement catholique (DIDEC), Joachim Texeira, a rappelé que les deux parties ont signé en avril dernier une nouvelle convention collective. Dans une note dont le correspondant de l’APIC a pu obtenir copie, il souligne l’engagement de ses pairs d’entretenir avec le syndicat des enseignants, un partenariat « réel », dans le « respect et la considération réciproque ». Il menace cependant d’une retenue de salaire les enseignants qui prendraient part à des actions de débrayage. Le SNEEPC a rejeté cette menace.
La nouvelle convention collective est approuvée par l’ensemble des écoles privées laïques et catholiques du Sénégal, ainsi que par les patronats, syndicats et le ministère chargé de l’Emploi et du Travail. Elle reconnaît la « notion de femme en tant que cheffe de famille », prévoit une indemnité de salaire unique pour l’enseignant dont la femme ne travaille pas et une hausse de 500 francs CFA (1,25 Frs) sur les allocations familiales.
Intervention de l’archevêque de Dakar
Pour désamorcer cette crise du système éducatif de l’EPC au Sénégal, le nouvel archevêque de Dakar, Mgr Théodore Adrien Sarr s’est impliqué dans une recherche de solution. Il a reçu le SNEEPC le 23 octobre. Lors de cette audience, il a exprimé sa disponibilité à étudier les moyens d’action pour régler le problème. Il a proposé une évaluation des moyens dont dispose l’EPC et la manière dont ces moyens devraient être utilisés, a-t-on indiqué de source syndicale. Selon la même source, Mgr Sarr a demandé l’appui des enseignants pour obtenir de l’état une augmentation de la subvention annuelle qu’il accorde à l’EPC. En 1999-2000, le gouvernement sénégalais a accordé au diocèse de Dakar une subvention de 205,9 millions de francs CFA (514’800 frs) dont 29 millions (72’500 frs) de primes aux examens. Il n’a pas été possible de connaître le montant accordé aux autres diocèses du pays, ainsi que le nombre d’élèves dans l’EPC.
Mgr Sarr a aussi proposé aux enseignants des écoles catholiques la mise sur pied d’une commission paritaire, composée de représentants du patronat, du syndicat, des parents d’élèves et de l’Etat pour discuter des revendications syndicales. (apic/ibc/pr)
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