APIC – Dossier

Jubilé: Canonisation le 1er octobre de 120 «bienheureux» chinois

L’histoire chrétienne de la Chine est marquée par les persécutions

Vatican, 20 septembre 2000 (APIC) Le pape Jean Paul canonisera, le 1er octobre prochain à Rome, 120 martyrs chinois ayant vécu entre le 17e et le 20e siècle. Tous ont été béatifiés entre 1900 et 1946. Parmi eux, 86 sont tombés au début du siècle durant la révolte des «boxeurs». Cet événement, qui témoigne des persécutions vécues par les chrétiens en Chine au cours des siècles intervient peu après l’arrestations de l’évêque de Yujiang, Mgr Zeng Jingmu.

Près de 3’500 pèlerins chinois, dont 900 ressortissants de Taiwan, sont attendus le 1er octobre à Rome pour la canonisation, par Jean Paul II, de 120 compatriotes martyrs. Ils seront guidés par l’archevêque et cardinal jésuite Paul Shan et huit évêques. L’appui le plus fort à la cause de la canonisation est venu de Taiwan, alors que 200 pèlerins de Hong Kong ont annoncé leur venue.

Tous béatifiés au début du siècle

Les 120 témoins de la foi qui seront canonisés le 1er octobre ont tous vécu entre le 17e et le 20e siècle, et ont été béatifiés entre 1900 et 1946. Parmi eux se trouvent trente frères mineurs franciscains, sept sœurs franciscaines missionnaires de Marie et six dominicains. Pour ce qui concerne les frères mineurs et les religieuses, 32 ont été tués entre 1814 et 1862, et 86 durant la révolte des «boxeurs» entre 1900 et 1930. L’un des dominicains, a été martyrisé en 1648 et les cinq autres entre 1747 et 1748.

Les Salésiens célébreront ce même jour à Rome la canonisation de deux des leurs, l’évêque Luigi Versiglia et le prêtre Callisto Caravario. Deux religieuses seront également canonisées: l’Américaine Katerina Drexel, fondatrice d’une congrégation qui a œuvré pour la défense et la promotion des Indiens et des gens de couleur aux Etats-Unis, et Joséphine Bakhita, une soeur canossienne d’origine soudanaise. La communauté franciscaine à Singapour et celle des Missions Etrangères de Paris préparent l’événement par des cérémonies religieuses et des manifestations culturelles.

Une forte présence des Sœurs canossiennes est attendue pour la canonisation de Joséphine Bakhita, ancienne esclave soudanaise, qui a vécu en Italie comme religieuse dans un couvent de Venise. Depuis plusieurs mois déjà, un comité de cette congrégation prépare l’accueil des pèlerins. Des cérémonies auront lieu dans les maisons canossiennes de Rome pour commémorer la bienheureuse Bakhita au cours des journées précédant le 1er octobre.

La grande persécution des boxeurs en 1900

Dans un document diffusé dans la revue «Eglises d’Asie», le père Jean Charbonnier présente l’année 1900 comme une page sanglante dans l’histoire de la persécution des chrétiens dans l’empire du milieu. A la fin du 19e siècle, la révolte gronde dans la population chinoise, exaspérée par l’activité des missionnaires chrétiens. La réaction sera prise en mains par la secte des boxeurs (en chinois «yi-ho-tchiuan», le «poing de la concorde et de la justice»), qui s’inspire à la fois des règles des sociétés secrètes traditionnelles et des pratiques de la magie taoïste. Les boxeurs gagnent rapidement des adeptes jusque dans les rangs de l’armée régulière, qui sonne le rassemblement aux carrefours à l’aide de trompettes et de grosses caisses.

Des équipes entraînées aux arts martiaux se soulèvent en 1900 avec pour cri de ralliement: «Servir le pays, détruire l’étranger». Des villages chrétiens sont pillés, des églises incendiées, des missionnaires catholiques et réformés massacrés. La révolte des boxeurs est soutenue par l’impératrice Cixi elle même et par de hauts dignitaires chinois.

Le 24 juin 1900, répondant à la prise du fort de Dagu près de Tianjin par les troupes étrangères, l’impératrice commande par décret le massacre des étrangers dans tout l’empire. La guerre est déclarée et les coups de boutoir des boxeurs redoublent de vigueur. Bien que leurs attaques visent d’abord les étrangers, près de 30’000 chrétiens chinois sont impitoyablement massacrés comme traîtres à la patrie. Aucun couche da la société n’est épargnée. Femmes, hommes, vieillards, adultes, jeunes et enfants sont cruellement massacrés. Parmi eux, on trouve des évêques, des prêtres, des religieuses, des catéchistes, des membres du Tiers ordre et bien entendu une majorité de simples fidèles.

Sur les 86 victimes des boxeurs qui seront canonisées, 66 sont des chrétiens ou des catéchumènes chinois. Sur les vingt Européens, on compte quatre jésuites français, sept franciscains, sept franciscaines missionnaires de Marie et un prêtre italien des Missions étrangères.

Après les coréens et les vietnamiens, les martyrs chinois

Les chrétiens de Chine attendent avec impatience l’événement des canonisations. En 1984, le pape s’était rendu à Séoul pour canoniser les martyrs de Corée et en 1988 il procédait à celle des martyrs du Vietnam. Les évêques chinois de Taiwan, présents à Rome en 1996 pour la canonisation du missionnaire français Gabriel Perboyre, n’ont pas manqué de demander au pape d’accélérer la procédure pour le vaste groupe des martyrs chinois. C’est finalement en mars 2000 que la nouvelle de la canonisation de 120 bienheureux martyrs de Chine a été officiellement annoncée pour le 1er octobre. (apic/cip/com/mjp/bb)

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