France: L’Eglise réformée de France et le document «Dominus Iesus»

Aucune Eglise ne peut capturer la Parole de Dieu qui est le Christ

Paris, 26 septembre 2000 (APIC) La déclaration romaine « Dominus Iesus » inflige « un douloureux démenti au long et patient travail oecuménique qui a ouvert les Eglises les unes aux autres ». C’est la réaction du conseil national de l’Eglise réformée de France, après avoir pris connaissance, dans sa session des 23 et 24 septembre, de ce texte sur « L’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise ».

Dans sa déclaration, le conseil national de l’ERF réaffirme son désir de vivre « un oecuménisme respectueux qui accueille la diversité des confessions chrétiennes comme un bienfait et une pluralité légitime ». C’est pourquoi il attend de ses frères et soeurs catholiques « qu’ils disent publiquement et clairement comment ils se situent, à la lumière des Ecritures, par rapport à cette déclaration et quelles conséquences ils en tirent pour la vie œcuménique ». « Dans un texte principalement consacré au dialogue interreligieux, écrit le conseil national de l’ERF, nous relevons une fois de plus que les Eglises issues de la Réforme ne sont pas considérées comme des « Eglises », au sens propre du mot, mais simplement comme des « communautés ecclésiales ».

En fidélité à une certaine tradition, le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi réaffirme donc que l’Eglise catholique romaine est la seule et l’unique véritable Eglise de Jésus-Christ. « Nous ne sommes pas vraiment surpris par une telle déclaration, mais sa réaffirmation aujourd’hui inflige un douloureux démenti au long et patient travail oecuménique qui a ouvert les Eglises les unes aux autres. Nous ne pouvons que nous élever fermement contre certaines affirmations de cette déclaration au nom même de notre compréhension de l’Evangile dont le coeur est, pour nous, la justification de l’homme par la foi, c’est-à-dire la proclamation du Dieu de Jésus-Christ qui reconnaît et aime chacun inconditionnellement, indépendamment de ses actes et de ses qualités. C’est ce que nous croyons fermement. Nous vivons et nous voulons partager cette bonne nouvelle avec les femmes et les hommes de notre temps. Or cette conviction a des conséquences directes sur la façon dont, à la lumière des Ecritures, un chrétien et une communauté chrétienne se comprennent devant les autres ».

L’article premier de notre Discipline affirme que « l’Eglise réformée de France professe qu’aucune Eglise particulière ne peut prétendre délimiter l’Eglise de Jésus-Christ car Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent. Sa raison d’être est d’annoncer au monde l’Evangile de Jésus-Christ ». Elle est donc ouverte à tous les hommes qu’elle invite à croire en lui. « Nous trouvons ici la base de l’oecuménisme qui suppose de ne jamais identifier les Eglises avec le Christ, lequel est toujours plus grand que ce que nous savons et voyons de lui ».

« Nous reconnaissons donc que notre conviction de foi, ferme et décidée, n’est pas identifiable à un savoir sur la vérité ultime, poursuit le document. La foi que nous confessons est née de notre rencontre du Christ. Elle ne constitue nullement le critère qui permettrait de juger de la véracité des autres Eglises et d’opérer un tri entre les croyants. Conviction et tolérance sont appelées à se conjuguer. Nous reconnaissons qu’il existe d’autres façons de suivre le Christ et que personne ne dispose de la vérité absolue et dernière ». « Nous savons que les hommes connaissent sans cesse la tentation de vouloir détenir la vérité unique et indiscutable. C’est le cas dans la religion, la science ou la politique, lorsqu’on se donne le pouvoir de séparer avec certitude le juste de l’injuste et le bien du mal. Nous sommes tous toujours tentés de nous rendre maîtres de la Parole de Dieu et de la mettre au service de notre désir de puissance ou de savoir absolu. Nous réaffirmons notre désir de vivre un oecuménisme respectueux qui accueille la diversité des confessions chrétiennes comme un bienfait et une pluralité légitime. Nous avons besoin d’être encouragés en ce sens. C’est pourquoi, nous attendons de nos frères et soeurs catholiques qu’ils disent publiquement et clairement comment ils se situent, à la lumière des Ecritures, par rapport à cette déclaration et quelles conséquences ils en tirent pour la vie oecuménique. Aucune Eglise ne peut capturer la Parole de Dieu qui est le Christ. Elle peut seulement être la servante de Celui qui toujours parle et agit, parfois là où nul ne l’attend, pour redresser, guérir, justifier l’existence des femmes et des hommes d’aujourd’hui comme de demain ». (apic/cip/pr)

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